La Coupe de l'UEFA 1984, la plus grande affaire de corruption de l'histoire du football européen

Forest en route pour l'exploit
Un match truqué ?
Brian Clough est inquiet
Un Espagnol qui aime bien la Belgique ?
Anderlecht peut-il le faire ?
Un début de match catastrophique
Un arbitre corrompu ?
Anderlecht s'arrêtera en finale
13 ans plus tard...
Des preuves découvertes en 1992
Le président d'Anderlecht
1,2 million de francs belges
Condamnations
Une douleur éternelle
Forest en route pour l'exploit

En 1984, le Nottingham Forest de Brian Clough veut marquer l'histoire en se qualifiant pour sa troisième finale européenne, seulement six ans après sa première. Forest, qui a battu Anderlecht 2-0 lors du premier match de la demi-finale, doit maintenant valider son billet en Belgique.

Un match truqué ?

Sauf que ce match retour ne va pas se passer comme prévu… loin de là. Une rencontre qui va tristement entrer dans l'histoire pour ses incohérences, le tout guidé par un arbitre totalement déconnecté. Retour sur une des affaires les plus sombres du football européen.

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Brian Clough est inquiet

Avant la rencontre, Nottingham Forest arrive en confiance. Les Britanniques ont remporté trois de leurs quatre déplacements dans la compétition, contre le PSV, le Celtic et Vorwarts. Pourtant, Brian Clough est inquiet. La raison ? La nomination d'Emilio Guruceta Muro en tant qu'arbitre de la rencontre.

Un Espagnol qui aime bien la Belgique ?

Selon The Guardian, l'arbitre espagnol est sur les radars de nombreux observateurs. Lors de la campagne 1979-1980, Emilio Muro avait perdu le contrôle lors du match entre le Napoli et le Standard de Liège, expulsant deux Italiens et accordant un penalty litigieux aux Belges.

"Il avait exclu deux de nos joueurs sans raison"

Paul Hart, joueur de Nottingham Forest, se rappelle avant le match : "Je me souviens avoir dit à Kenny Swain : j'espère que ce n'est pas le même gars que nous avions quand je jouais pour Leeds lors d'un tournoi en Espagne quelques années plus tôt. Cet arbitre avait exclu deux de nos joueurs sans raison."

Anderlecht peut-il le faire ?

Malgré les doutes, le score est bien là : 2-0. Pour se qualifier en finale, Anderlecht va devoir renverser une montagne. Avec ou sans l'arbitre, les Belges sont dos au mur, et devront frapper fort pour éliminer les Anglais.

Un début de match catastrophique

Sauf que le match ne se déroule pas comme attendu. Dès les premières minutes, l'arbitre ne sanctionne pas les fautes belges, et accorde un but litigieux à Enzo Scifo, à la 20ᵉ minute, permettant à Anderlecht de prendre l'avantage. Le drame se produit à l'heure de jeu, quand Kenneth Bryle, attaquant d'Anderlecht, plonge dans la surface de réparation. Une simulation grotesque… mais qui fonctionne. Muro siffle penalty et Anderlecht mène 2-0.

"La décision la plus embarrassante que je n'ai jamais vu"

Après le match, l'attaquant Gary Birtles attaquera l'arbitre au micro de la BBC : "Ce penalty est la décision la plus embarrassante que je n'ai jamais vue dans le football." Son coéquipier Paul Hart n'était pas surpris : "C'était un plongeon flagrant, notre joueur était à des kilomètres… En plus, leur attaquant était hors-jeu."

Un arbitre corrompu ?

Finalement, c'est Erwin Vandenbergh qui inscrit le troisième but d'Anderlecht à deux minutes de la fin. Les Belges sont qualifiés… mais Forest ne baisse pas les bras. Sur le dernier ballon du match, Paul Hart égalise de la tête sur corner. Sauf que l'arbitre annule le but, sans raison valable.

Anderlecht s'arrêtera en finale

Les Belges se qualifient donc en finale et retrouvent Tottenham. Sauf que, cette fois-ci, ce sont les Anglais qui s'imposeront aux tirs-au-but, après deux matchs nuls 1-1.

13 ans plus tard...

Ce n'est qu'en 1997 que les décisions prises par l'arbitre ce soir-là furent rendues publiques, lorsque Anderlecht admit avoir payé l'arbitre espagnol Emilio Guruceta Muro dans le cadre d'une affaire pénale.

Des preuves découvertes en 1992

Des preuves de corruption ont été découvertes en 1992 lorsque le criminel condamné René Van Aaken a fait chanter le club et a envoyé les informations concernant le match de 1984 à la Fédération belge de football.

Le président d'Anderlecht

Les éléments ont montré que le président d'Anderlecht, Constant Vanden Stock, avait contacté le malfaiteur local Jean Elst peu avant le match pour l'aider à corrompre l'arbitre. Elst a contacté un ami à Alicante, qui a parlé à l'arbitre.

1,2 million de francs belges

Selon le journaliste belge Frank van Laeken, "l'arbitre a dit 'Ok, je le fais pour 1,2 million de francs belges (18 000 euros)". Lorsque les faits ont finalement été révélés, l'UEFA a banni Anderlecht des compétitions européennes pendant un an.

Condamnations

En ce qui concerne l'arbitre, il n'a jamais pu être condamné après sa mort dans un accident de voiture en 1987 à l'âge de 45 ans. Les criminels Elst et Van Aaken ont tous deux été condamnés à des peines de prison, Elst étant décédé en prison et la condamnation de Van Aaken pour chantage ayant été annulée en appel.

Une douleur éternelle

Les joueurs de Nottingham Forest ont, quant à eux, tenté de porter l'affaire devant le tribunal de Charleroi. Mais l'affaire a été "perdue dans les annales de la justice belge". Aujourd'hui encore, les événements du 25 avril 1984 ne sont pas oubliés à Forest… et ne le seront jamais.

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