L'histoire de Salim Sdiri, l'athlète français qui s'est fait transpercer par un javelot
Le 23 juillet 2007, le destin du sauteur en longueur français Salim Sdiri va changer à tout jamais. Alors qu'il est en train de se rhabiller sur le bord de la piste, il est heurté de plein fouet par un javelot.
Celui-ci venait d'être lancé par le Finlandais Tero Pitkämäki, un jet totalement raté qui a dévié jusqu'à atteindre le dos (scapula ou omoplate) de Salim Sdiri.
Le Français s'écroule alors sous le choc. Le stade entier assiste au drame et nul ne sait si l'athlète va s'en sortir. Transporté à l'hôpital, il y reste 15 jours et est arrêté plus de six mois. Retour sur l'histoire de Salim Sdiri, l'actuel recordman de France du saut en longueur.
Né à Ajaccio le 26 octobre 1978, Salim Sdiri fait ses classes à l'USM Montargis, dans le département du Loiret. Très doué, il se distingue rapidement comme un prodige du saut en longueur.
En 2002, à 24 ans, il participe à la Coupe d'Europe des Nations et va se faire remarquer avec une excellente troisième place, grâce à un saut à 8,03 mètres.
L'année suivante, il dispute ses premiers championnats du monde en salles à Birmingham. Il termine septième avec un saut à 7,63 mètres, loin de sa meilleure marque.
En 2004, il participe une nouvelle fois à la coupe d'Europe et montre qu'il adore cette compétition en explosant son record personnel avec un saut à 8,24 mètres, tout proche du record de France de Kader Klouchi, établi à 8,30 mètres en 1998. Il termine deuxième de la compétition.
Il se qualifie ainsi pour ses premiers Jeux Olympiques à Athènes mais ne peut faire mieux que 12ᵉ place, avec un saut à 7,94 mètres.
En 2005, Salim Sdiri remporte le DécaNation et les Jeux méditerranéens avec des sauts à 7,97 mètres et 8,05 mètres. Il termine également cinquième des championnats du monde d'Helsinki malgré un excellent saut à 8,21 mètres.
L'année 2007 va être la plus importante de sa carrière car le sauteur remporte sa première médaille aux championnats d'Europe de Birmingham. Une breloque en bronze grâce à un saut de 8,00 mètres.
Le 13 juillet 2007, il participe au Golden Gala de Rome, organisé dans le cadre de la Golden League (ancienne Diamond League). C'est lorsqu'il se rhabille après son concours, où il finit à la quatrième place, que le drame a lieu.
Dans un entretien accordé en 2023 au journal Ouest-France, il raconte : « J’avais terminé mon concours. J’étais en train de me rhabiller pour sortir du stade. Il a lancé hors zone et j’ai pris le javelot de plein fouet. »
"J’aurais pu mourir. Je suis resté hospitalisé quinze jours, j’ai été arrêté plus de six mois. Les gens pensaient que j’étais guéri mais pas du tout. Psychologiquement, cela a été très compliqué. Il y avait toujours quelque chose pour me rappeler mon accident."
Les analyses ont montré que le javelot est entré de 20 à 30 centimètres dans son organisme, atteignant le foie et le rein.
Toutefois, malgré cet accident, Salim Sdiri décide de revenir à la compétition en 2008, pour participer aux Jeux Olympiques de Pékin. Il affirme à L'Équipe : "L'envie est revenue. Si j'ai décidé de reprendre à fond, c'est pour faire les Jeux olympiques, pas juste pour faire du saut en longueur. Je veux retrouver le niveau que j'avais avant l'accident et être parmi les meilleurs mondiaux."
Le 12 juin 2009, un an après son retour, il revient à son meilleur niveau en battant le record de France de Kader Klouchi de 12 centimètres, grâce à un saut de 8,42 mètres.
En 2010, il fait figure des favoris pour les Mondiaux en salle. Deuxième au dernier essai, il termine finalement quatrième (8,01 mètres), le titre revenant à l'Australien Fabrice Lapierre.
Le sauteur prend finalement sa retraite le 26 juin 2016 après les championnats de France, à l'âge de 38 ans.