L'histoire tragique de Florence Griffith-Joyner, la recordwoman controversée du 100 mètres
Dans l'histoire, certains records peinent à être battu : ceux de Florence Griffith-Joyner en sont les meilleurs exemples. La sprinteuse américaine détient les records du 100 et du 200 mètres depuis 1988.
10 secondes 49 centièmes sur l'épreuve reine et 21 secondes 34 sur le 200 mètres, deux temps qui n'ont jamais été approchés depuis. Il faut dire qu'il y a une raison à cela : les performances de l'Américaine sont extrêmement douteuses.
En effet, la sprinteuse a connu une transformation physique hors du commun en quelques années et est malheureusement décédée à 38 ans. Une mort très probablement liée à l'abus de produits dopants. Retour sur le parcours de Florence Griffith-Joyner, la sprinteuse la plus controversée de l'histoire.
Florence Griffith-Joyner naît le 21 décembre 1959 à Los Angeles. Elle est le septième enfant d'une famille de 11 et grandit dans la pauvreté, sa mère devant élever seule tous ses enfants après son divorce.
Dès ses six ans, elle intègre un club d'athlétisme et montre des capacités exceptionnelles. En 1973, à 13 ans, elle remporte la Jesse Owens National Youth Games. La prodige progresse encore et est admise dans une université en Californie, à Northridge.
Malheureusement, en 1979, elle doit arrêter les études et le sport pour aider sa mère financièrement et trouve un travail de guichetière dans une banque. C'est le prestigieux entraîneur Bob Kersee qui va finalement la repérer et lui faire intégrer l'UCLA au début des années 1980.
Là-bas, elle valide son bachelor en psychologie en 1983 et s'entraîne plus que jamais. Elle remporte le 200 mètres des championnats NCAA (universitaire) en 1982 et le 400 mètres l'année suivante.
La sprinteuse réalise les minimas pour les Mondiaux d'Helsinki en 1983 et participe à ses premiers championnats du monde. Elle termine quatrième du 200 mètres en 22,46 s. Les progrès de l'athlète sont remarquables et, en 1983, elle prend la médaille d'argent des Jeux Olympiques de Los Angeles en 22,04 s.
Alors qu'elle est sur une excellente lancée, elle décide de se retirer des pistes en 1985, à 25 ans, pour devenir employée de banque. Elle se fiance et ne s'entraîne que pour rester en forme.
C'est finalement Bob Kersee qui réussit à la remotiver et la soumet à un entraînement très physique, basé sur la musculation. Elle se classe deuxième des Mondiaux de Rome et décide de changer d'entraîneur et d'augmenter les charges de musculation.
Le 16 juillet 1988, elle participe aux sélections américaines du 100 mètres, distance dont elle n'est pas spécialiste. Pourtant, devant un public stupéfait, elle atomise le record du monde de 26 centièmes, lors des quarts de finale, en 10,49 s.
Physiquement, l'athlète a totalement changé. Elle a pris un volume de muscles impressionnant en seulement six mois. Le monde du sport est choqué et remet directement en cause les performances de l'Américaine.
Elle arrive logiquement favorite aux Jeux Olympiques de Séoul en 1988 où elle écrase la concurrence sur 100 mètres, en plaçant une accélération foudroyante à la mi-course et remporte la médaille d'or en 10,54 s.
Sur le 200 mètres, elle bat le record du monde en demi, puis en finale (21,34 s). Le tout en moins de deux heures. Elle remporte également le relais 4x100 mètres et termine deuxième du 4x400 mètres.
En 1989, elle prend sa retraite alors qu'elle est au sommet de sa carrière. Elle décide alors de se consacrer à la mode et devient également conseillère de Bill Clinton pour l'éducation physique.
Très rapidement, "Flo Jo" est atteinte de graves problèmes de santé. En avril 1996, elle fait un arrêt cardiaque et est retrouvée morte le 21 septembre 1998, d'une crise d'épilepsie, à 38 ans.
Sa mort va renforcer les forts soupçons de dopage autour de l'athlète. De plus, le sprinteur Darrell Robinson (en photo) affirme avoir vendu, en 1988, des hormones de croissance à Florence Griffith-Joyner pour un montant de 2 000 $.
Si elle n'a jamais été contrôlée positive, l'Américaine a connu une progression presque irréalisable, tant physiquement que par ses performances où elle a gagné 50 centièmes sur 100 mètres en moins d'un an. De plus, les contrôles inopinés de dopage ont été institués en 1989, l'année où elle a pris sa retraite.
Dans un documentaire réalisé par CNN ayant pour but de réhabiliter l'athlète, l'ancien président de la commission médicale du Comité international olympique, Alexandre de Merode, explique : "Nous avons effectué toutes les analyses possibles et imaginables sur elle, et nous n'avons jamais rien trouvé. Il ne devrait pas y avoir le moindre soupçon."
Toutefois, ce dernier a été accusé d'avoir dissimulé des tests de dépistage de d r o g u e aux Jeux de 1984 et dans les années 1990 avec des nageurs chinois.
Florence Griffith-Joyner est une météorite qui s'est abattue sur le monde de l'athlétisme en 1988, avant de disparaître dans la foulée. Une étoile qui a brillé d'un fort éclat pendant quelques mois avant de s'éteindre. Elle laisse derrière elle un héritage controversé, fortement entaché de soupçons qui ne disparaîtront jamais.