Qu'est devenu le roi de la glisse Antoine Dénériaz, le dernier champion olympique français ?
Des chutes terrifiantes, des succès inoubliables, une glisse légendaire… Antoine Dénériaz n'est pas un skieur comme les autres. Le Français a tout connu dans sa carrière, des plus grands succès aux pires désillusions.
Enfant de Bonneville, en Haute-Savoie, Antoine Dénériaz découvre le ski dans la station de Morillon, dans le Grand-Massif (Flaine, Samoens, Les Carreaux…). En 1994, à 18 ans, il participe aux championnats du monde juniors à Lake Placid dans les épreuves de vitesse (super-G, géant) et se classe 31ᵉ et 45ᵉ, selon la FIS.
En 1996, il intègre l'équipe de France et se fait rapidement remarquer pour ses qualités de glisse. Toutefois, malgré des qualités évidentes, il ne marque pas de point en Coupe du monde avant la descente de Val d'Isère en 1998, où il termine quatrième.
En confiance, il enchaîne des bons résultats en descente et en super-G et termine la saison à la 45ᵉ place du classement général de la Coupe du monde. Il ne confirme pas son statut l'année suivante, en 1999, et recule à la 71ᵉ place du général.
La saison 2000-2001 se révèle être la pire de sa carrière. Le Français n'arrive pas à marquer un seul point en première partie de saison et termine parfois au-delà de la 50ᵉ position. Il est alors rétrogradé en Coupe d'Europe (la deuxième division en quelque sorte, ndlr). Il réintègre le groupe lors des deux dernières descentes de la saison et termine 19ᵉ et 21ᵉ... rassurant.
Spécialiste des pistes italiennes (Val Gardena et Bormio), il enchaîne quatre top 15 sur celles-ci lors de la saison 2001-2002. Il participe cette année-là à ses premiers Jeux Olympiques à Salt Lake City, lors desquels il se classe 12ᵉ.
Petit à petit, le Français se fraie une place dans le top 15 des meilleurs descendeurs du monde. Après une quatrième place à Val d'Isère, il remporte sa première victoire en professionnel à Val Gardena, en Italie, sa terre fétiche. C'est la première victoire française en descente depuis près de cinq ans !
Après une nouvelle victoire à Lillehammer, il termine sixième du petit globe de descente et confirme sa progression. Meilleur glisseur du circuit, il remporte une nouvelle fois la Saslong de Val Gardena en 2004-2005 avec plus d'une seconde d'avance et termine septième du petit globe.
Alors qu'il a les championnats du monde 2005 à Bormio en ligne de mire, le Tricolore se blesse (rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche) et doit renoncer aux Mondiaux. Pendant sa rééducation, il affirme à son entraîneur Mauro Cornaz : "Je ne serai pas champion du monde cette année. Je serai champion olympique l’an prochain à Turin", rapporte Olympics.org.
La reprise est bonne pour Dénériaz, sans non plus être exceptionnel. Le Français arrive en confiance aux Jeux Olympiques, son objectif de la saison. Il part avec le dossard 30 et, juste avant la course, réalise un coup de maître.
Avec son dossard élevé, il observe que la plupart des skieurs ont des problèmes de glisse. Avec son technicien Pascal Lemoine, il décide alors d'opter pour ses skis de 2003, avec lesquels il avait remporté Val Gardena. Choix payant, le Français survole la course, en tête à chaque intermédiaire, et colle 72 centièmes à Michael Walchhofer.
Un succès qui ne doit riçen au hasard, tant le Français a dominé la course de bout en bout : "Je savais qu'elle (la piste, ndlr) me convenait parfaitement, avec ses mouvements de terrain, ses grands sauts, ses belles courbes, je savais qu'il fallait que je construise ma course jour après jour. Aujourd'hui, j'étais au top", explique-t-il au CNOSF.
Trois semaines après son sacre, le Français prend le départ de la descente d'Åre, en Suède. Malheureusement, Antoine Dénériaz chute très lourdement, son casque explosant au contact du sol. Une chute qui va traumatiser des milliers de spectateurs.
Blessé à la f e s s e, il contracte également un staphylocoque doré et s'éloigne des pistes pendant plusieurs mois.
Son retour sur les pistes n'est pas bon et, malgré une cinquième place en super-G à Lake Louise, il n'inscrit que neuf points en descente cette année-là : "Il y a encore des résidus, et je ne me lâche pas comme je le devrais", avoue-t-il à Libération.
Le 5 décembre 2007, Antoine Dénériaz annonce la fin de sa carrière. Une retraite précipitée par les séquelles de sa chute, qui l'ont traumatisé de la vitesse : "Aujourd'hui la confiance n'est plus là. Non seulement je ne vais pas vite, mais en plus, je ne me fais pas plaisir", rapporte Le Monde.
En passionné du ski qu'il est, Antoine Dénériaz devient commentateur en 2008 pour Eurosport et en tant que consultant lors des championnats du monde et Jeux Olympiques pour le groupe France Télévisions.
Enfant de Morillon, il devient ambassadeur de la station et lance en janvier 2015 le "Antoine Dénériaz Challenge", un événement de sept épreuves ludiques ou sportives à réaliser en équipe, organisé avec l'office du tourisme de la station.
En mai 2008, il se marie avec la slalomeuse néo-zélandaise Claudia Riegler, avec qui il a deux enfants, une fille et un garçon.
En parallèle, Antoine Dénériaz commence sa reconversion professionnelle en reprenant ses études à l'ESSEC et sort, en 2012, avec un diplôme en marketing international du sport. Il crée sa propre marque d’accessoires de ski en 2009 sous le nom "Antoine Dénériaz – Powered by passion".
En 2014, il devient ambassadeur de la marque Seat pour la campagne de lancement en France de sa nouvelle voiture, la "Seat Leon X-Perience".