Zinédine Zidane bientôt sur le banc d'un club français ?

Il devra encore attendre. Zinédine Zidane espérait prendre la tête de l'équipe de France au terme de la Coupe du monde 2022. Mais le beau parcours des Bleus au Qatar a largement influencé la prolongation de Didier Deschamps, jusqu'en juillet 2026, au poste de sélectionneur.

Depuis son départ du Real Madrid à l'été 2021, Zidane s'était mis en retrait de ses fonctions d'entraineur, avec une seule ambition : devenir le successeur de DD si ce dernier choisissait de ne pas prolonger son contrat. Un souhait dont il avait fait part à 'L'Équipe' en juin dernier.

Interrogé sur son désir de prendre la tête des Bleus, Zidane confiait au quotidien sportif : « J'en ai envie, bien sûr, et je le serai, je l'espère, un jour. Quand ? Ça ne dépend pas de moi. Mais j'ai envie de boucler la boucle avec l'équipe de France. » Il ajoute : « Si ça doit se faire, ça se fera quand ça se fera. Encore une fois, ça ne dépend pas de moi. L'équipe de France est la plus belle chose qui soit. »

Si l'horizon avec l'équipe de France semble pour l'instant bouché pour Zinédine Zidane, l'ancien entraineur du Real Madrid aurait reçu de nombreux appels après la Coupe du monde, selon les informations de 'L'Équipe'. Il faut dire qu'avec trois Ligues des Champions successives à son palmarès de jeune entraineur, ZZ a démontré qu'il transformait en or tout ce qu'il touchait.

Le Portugal, les États-Unis, mais surtout le Brésil, auraient proposé à Zidane un poste de sélectionneur. Mais même si prendre la tête de la Seleçao pourrait être un beau challenge professionnel pour Zizou, il y a en réalité très peu de chance que cela arrive.

Ce dimanche 8 janvier, le président de la FFF Noël Le Graët a répondu à cette hypothétique nomination au Brésil : « Zidane au Brésil ? Je n'en ai rien à secouer, il peut aller où il veut ! Il peut aller où il veut, dans un club... sélection, j'y crois à peine en ce qui le concerne », a-t-il déclaré dans l'émission Bartoli Time sur RMC. « Si Zidane a tenté de me joindre ? Certainement pas, je ne l'aurais même pas pris au téléphone... », a-t-il ajouté sur le même ton. Des propos qui ont scandalisé le monde du sport français, et la classe politique entière, et pourraient prochainement conduire Le Graët vers la sortie.

Alors l'avenir de Zizou s'écrira-t-il en club ? Son ancien club, la Juventus de Turin, pourrait être l'une de ses possibilités si une offre se présentait. Il pourrait aussi envisager un troisième retour au Real Madrid, club avec lequel il a gardé des liens très forts, en cas de départ d'Ancelotti. « Quand j'étais joueur, j'avais le choix, presque tous les clubs. Entraîneur, il n'y a pas maintenant cinquante clubs où je peux aller. Il y a deux ou trois possibilités. C'est la réalité actuelle. », confiait-il dans les colonnes de 'L'Équipe' au début de l'été 2022.

« Je reprendrai quand je reprendrai comme entraîneur. J'aime bien cette idée-là de ma vie. Je fais ce que je sens, quand je le sens. Mais je le fais surtout avec mon cœur. C'est pour ça que je ne pourrais peut-être pas aller partout, poursuivait Zidane dans son interview accordée au quotidien français. Certaines conditions rendent les choses difficiles. Pour gagner, plein d'éléments entrent en jeu. C'est un contexte global. Moi, je sais ce dont j'ai besoin pour gagner. »

S'appuyant sur des sources proches du clan Zidane, le média britannique 'The Athletic' a déclaré que l'ancien numéro 10 des Bleus serait intéressé par trois clubs : le Real, qu'il a déjà entraîné par deux fois, la Juventus de Turin où il a joué 5 ans et qui est aujourd'hui en grande difficulté à cause de sanctions liées à des malversations et... l'Olympique de Marseille !

En 2021, Zizou déclarait sa flamme à l'OM dans les colonnes du 'Phocéen' : "Même si je n’ai jamais joué à Marseille, personne ne m’enlèvera le fait que je suis Marseillais de toute façon. J’ai supporté cette équipe de Marseille comme un fou. Même après, quand je jouais. À part quand je jouais contre eux parce que je voulais gagner, mais les autres matchs, j’étais avec Marseille. Et aujourd’hui, je veux voir Marseille gagner ! Je m'imagine un jour si je suis entraîneur d'une équipe et que je dois jouer contre Marseille. Ça ferait drôle... Mais c'est comme ça."

Mais selon le média sportif espagnol 'Marca', Zinedine Zidane envisagerait également de rebondir chez le grand rival de l'OM, le Paris Saint-Germain, dont l'entraîneur Christophe Galtier affrontera bientôt une échéance potentiellement fatale contre le Bayern Munich en huitième de finale de la Ligue des champions. Mais toujours selon 'Marca', l'ancien champion du monde souhaiterait dans ce cas remplacer Neymar par l'ailier français du Barça Ousmane Dembele.

Mais si on ne sait pas encore ce que Zidane fera dans les prochains mois, une chose est sûre : à 50 ans, la légende du football français a encore un très bel avenir qui l'attend devant lui.

Si on connaît Zidane pour ses exploits au sein de l'équipe de France ou du Real Madrid, on connaît moins son histoire : de son enfance modeste à son travail acharné pour atteindre les sommets. Retour sur son parcours.

Petit dernier de la famille, Zinédine Zidane est né le 23 juin 1972 à Marseille, de parents algériens de Kabylie. Il grandit avec ses trois frères et sa sœur au milieu de la cité marseillaise, La Castellane, un quartier défavorisé. Dès son plus jeune âge, il rejoint les autres enfants du quartier sur la place principale pour jouer au football. Passionné, dès ses 9 ans, il enfile ses crampons pour jouer au sein du club de foot local, l'A.S. Foresta. Il y sera capitaine.

Photo : des enfants portant le maillot de Zidane, en Algérie.

Zidane est un excellent dribbleur et maîtrise le jeu de tête. Dès 1986, il est sélectionné en cadet pour le championnat de la Ligue de la Méditerranée. La même année, il est convoqué par le Centre régional d'éducation populaire et de sport (CREPS) d'Aix-en-Provence pour un stage de trois jours. Durant ce stage, il est remarqué par Jean Varraud, recruteur de l'AS Cannes. Ce dernier revient en 1987 à Saint-Raphaël avec le directeur du centre de formation cannois, Gilles Rampillon. Séduit par son talent, il lui propose un stage d'entraînement d'une semaine.

À la suite de ce stage d’une semaine, le jeune homme se voit proposer de rejoindre le centre de formation. Le père de Zidane, qui avait déjà refusé à son grand frère Smaïl de rejoindre l'AS Saint-Étienne, accepte cette fois que Zinédine parte à Cannes. Mais à une seule condition : il doit être hébergé dans une famille d'accueil.

Dès l’été de la même année, à 15 ans, le voilà à Cannes, dans la famille Élineau, à Pégomas, qu’il continuera d’aller voir dès qu’il le pourra, même une fois célèbre. En 1988, il quitte le domicile de sa famille d'accueil pour rejoindre le Foyer des jeunes travailleurs de Provence avec d’autres stagiaires de l'AS Cannes. En parallèle, Zidane poursuit ses études en CAP au Centre de formation d'apprentis.

Sur le terrain, le jeune homme se démarque et progresse rapidement. Dès l’âge de 16 ans, il passe dans l'effectif professionnel. Le 20 mai 1989, il commence en Première division en affrontant le FC Nantes, équipe composée entre autres à l’époque de Marcel Desailly et Didier Deschamps, - qu’il côtoie plus tard en équipe de France -. Il marque un but qui offre un match nul (1-1) à l’équipe de Cannes, ce qui lui vaudra une augmentation de salaire.

Entre juin et décembre 1991, il effectue son service militaire dans le bataillon de Joinville, où il participe à la Coupe du monde militaire. La France termine quatrième. Pourtant, Cannes est éliminé de la coupe d’Europe et termine le championnat à la 19ème place, ce qui lui vaut d’être relégué en division. Mais Zidane qui a marqué 5 buts en 31 matchs est remarqué pour son talent et courtisé par plusieurs clubs.

Parmi les clubs qui le remarquent, l’Olympique de Marseille, présidé à l’époque par Bernard Tapie, qui manifeste un vif intérêt pour le jeune joueur. Mais l'entraîneur de l'époque, Raymond Goethals le trouve “trop lent”. Rolland Courbis et Alain Afflelou, dirigeants des Girondins de Bordeaux venus pour négocier le transfert de Jean-François Daniel et d’Éric Guérit, lui témoignent leur intérêt. En 1992, Zinédine Zidane rejoint les Girondins de Bordeaux pour la somme de 3 millions de francs (460 000 €).

C’est Rolland Courbis qui lui attribue ce surnom. Zizou se lie d’amitié avec Christophe Dugarry et Bixente Lizarazu, avec lesquels il forme le “triangle bordelais”. Son ascension est fulgurante. Pour sa première saison, Zidane inscrit 10 buts en 35 matchs de championnat, son meilleur score à Bordeaux.

Malgré une saison difficile, Bordeaux atteint la finale de la coupe UEFA, grâce à son talent. C’est à partir de ce moment que Zidane devient la coqueluche des Girondins. Dans le même temps, il se spécialise pour le coup franc. Si son équipe ne remporte pas le championnat, elle finit tout de même à la quatrième place.

Même si Bordeaux ne remporte pas la coupe de l’UEFA, Zidane reçoit tout de même le titre de meilleur joueur par l'UNFP (Union Nationale des Footballeurs Professionnels), en 1994. Désormais, les portes de l'équipe de France lui sont ouvertes. Lors de son premier match en équipe nationale, il marque deux buts face à la République Tchèque.

Entre 1994 et 1996, ses exploits et ceux de certains de ses coéquipiers bordelais font parler d’eux. La Juventus recrute Zinédine Zidane pour 35 millions de francs (5,3 millions d'euros). Zizou porte désormais le numéro 21.

Il est rapidement comparé à Michel Platini, qui a aussi évolué à la Juventus. Soutenu par Didier Deschamps, coéquipier également français, mais aussi par l'entraîneur Marcelo Lippi, il s'adapte rapidement au rythme italien, plus soutenu.

Sa première saison en Italie est émaillée de victoires. L’équipe remporte successivement la coupe intercontinentale, la Supercoupe d'Europe, puis le Scudetto. Dans le même temps, il joue toujours en équipe de France.

L’apogée de sa carrière est marqué par la coupe du monde 1998 contre l'équipe légendaire du Brésil. Lors de la finale, le 12 juillet 1998, Zinédine Zidane entre dans l’histoire du football en marquant deux buts de la tête, sur des corners d’Emmanuel Petit puis de Youri Djorkaeff. Emmanuel Petit finit la consécration : la France est championne du monde de football.

Le soir de la victoire, en France, les rues sont noires de foules qui scandent “Et un, et deux, et trois-zéro”. L’avenue des Champs-Élysées à Paris est pleine à craquer et sur l’Arc de Triomphe, quand la photo du joueur est projetée, la foule s’écrie “Zizou président” !

À la suite de cette victoire, les trophées et récompenses pleuvent sur le joueur. Il reçoit notamment le Ballon d’Or, puis est fait membre de la Légion d'honneur tout comme les autres membres de l’équipe. En décembre 2006, le président algérien Abdelaziz Bouteflika le décore de la plus haute distinction de l'ordre du Mérite national, le rang de “Athir”.

À partir de cette époque, Zinédine Zidane est sur tous les panneaux publicitaires ou presque. Il commence avec la gigantesque campagne de publicité de Leader Price et son fameux slogan “j'aime vous faire gagner". Grâce à lui, la marque passe de 23 à 74 % de notoriété publique. Il pose ensuite pour Dior pour la coquette somme de 2 millions de francs. Les contrats s’enchaînent : Ford, Adidas, Danone, Orange, Grand Optical... Ces contrats publicitaires lui rapporteraient chaque année 3,5 millions d'euros, selon le documentaire “Zidane, une vie secrète".

En 2000, toujours en équipe de France, Zinédine Zidane est sacré champion d'Europe. Il est aussi sacré meilleur joueur de l’Euro en 2000. La même année, le président du Real Madrid décide de composer une équipe de stars. Son transfert est signé pour 75 millions d'euros, première fois qu'une telle somme est atteinte dans l’histoire du football.

Zidane s’installe à Madrid. En 2002, Zizou marque le second but en Ligue des Champions contre le Bayer Leverkusen (Allemagne), menant le club à la victoire. Les victoires s’enchaînent, avec notamment le championnat d'Espagne en 2001 et 2003. Mais en 2004, la France perd en quarts de finale contre la Grèce, championne d’Europe. Le joueur annonce qu’il souhaite prendre sa retraite internationale.

Cependant, sans Patrick Vieira, Bixente Lizarazu, et Marcel Desailly, les Bleus ont du mal à se qualifier en coupe du monde en 2006. Raymond Domenech demande donc à Zinédine Zidane de revenir sur sa décision. Il accepte et annonce qu’il prendra sa retraite à l'issue de cette coupe du monde. En tant que capitaine d’équipe, il élimine le Brésil en huitièmes de finale, l'Espagne en quarts de finale et le Portugal en demies. La finale oppose la France à l’Italie.

Durant le match, la France a de grandes chances de remporter le titre de champion. C’est d’ailleurs Zinédine Zidane qui marque l’ouverture du score avec un penalty. Ce sera le dernier de sa carrière et son troisième en deux finales de coupe du monde.

Mais à la 110ème minute, il est expulsé par l'arbitre après avoir frappé le joueur italien Marco Materazzi d’un coup de tête au thorax. Materazzi tirait sur son maillot. Zidane lui répond : “Si tu veux vraiment mon maillot, je te le donne après le match”. Materazzi l’insulte, Zidane frappe. La France perd aux tirs au but. Ce sera le dernier match de Zinédine Zidane en tant que footballeur.

Suite à ce coup de tête et au scandale qui en découle, l’ancien champion du monde se retire de la scène médiatique. Il se rachète une bonne conduite en se mobilisant pour la Fondation de France puis la Fondation Danone.

En 2009, il fait son grand retour, mais en coulisses seulement. Il intègre la direction du Real Madrid, en tant que conseiller, puis directeur sportif. Cinq ans plus tard, il devient entraîneur du Real Madrid Castilla, après avoir obtenu son diplôme de manager général de club sportif à Limoges.

Zizou fait remporter trois Ligues des champions à son équipe. Il est le premier entraîneur de l'histoire de la compétition, - créée en 1955 - à gagner trois fois consécutivement (2016, 2017, 2018). Mais en 2018, il annonce son départ du club, à la stupeur générale. Il affirme que l’équipe a besoin de changements.

Pendant neuf mois, l’équipe est dans une situation critique. Alors, le président Florentino Perez décide de remplacer l'entraîneur Santiago Solari et demande à Zinédine Zidane de revenir. Il accepte et fait son retour sur le banc en 2019.

Son nouveau contrat court jusqu'en 2022 et sa mission de refaire du Real une équipe compétitive. Avec lui, le club remporte son 34ème titre de champion d'Espagne, durant la saison 2019-2020, puis sa 11ème Supercoupe d'Espagne.

Le club est éliminé en demi-finale de la Ligue des champions 2020-2021 par Chelsea. Ensuite, c’est l'Atlético Madrid qui remporte le titre de champion d'Espagne. Zinédine Zidane annonce sa décision de quitter son poste le 27 mai 2021.

Concernant cette décision, il explique dans une lettre ouverte : “Je connais le football et je connais l’exigence d’un club comme le Real. Je sais que quand tu ne gagnes pas, tu dois t’en aller. Mais (…) tout ce que j’ai construit au quotidien, ce que j’ai apporté dans la relation avec les joueurs (…) a été oublié”. Il aura au total dirigé 263 matches : un record.

Certaines rumeurs avaient évoqué dès l'été dernier l'intérêt du Paris Saint-Germain pour Zinédine Zidane. « Il a été très courtisé par le Paris Saint-Germain, explique le journaliste de 'RMC' Frédéric Hermel. Il a dit non parce qu'il espérait quand même l'équipe de France et qu'il ne voulait pas laisser passer le train. » Le club de la capitale avait finalement choisi de faire appel à Christophe Galtier pour prendre la tête de son équipe.

La carrière de Zinédine Zidane devrait prendre un nouveau tournant dans les prochaines semaines. Nous verrons alors quelle proposition aura le plus inspiré le champion du monde 98. Avec l'espoir de le revoir, encore une fois, au sommet de son art. En attendant, Zizou a bien raison de prendre du bon temps, aux côtés de celle qui l'a toujours accompagné, sa femme Véronique, mais aussi ses enfants et sa petite-fille qui est née en mai 2022.