25 décembre 1914 : le jour où les soldats britanniques et allemands ont joué un match de foot en pleine guerre
On dit souvent que Noël est un jour de miracle, de paix… Cela n'a jamais été plus vrai que le 25 décembre 1914, un jour magique quand, en pleine Première Guerre mondiale, des soldats ennemis ont célébré les fêtes au milieu des tranchées, allant même jusqu'à jouer au football dans le 'No Man's Land'. Retour sur la Trêve de Noël de 1914.
Avant de parler de cette fameuse Trêve de Noël, il faut parler de son contexte. Le 28 juillet 1914, la Première Guerre mondiale est déclarée, plongeant rapidement l’Europe dans un conflit d’une ampleur sans précédent. Après plusieurs mois de combats intensifs, le front occidental se stabilise dans une guerre de tranchées à la fin de l’année. Les soldats des deux camps – les Alliés et les Puissances centrales – font face à des conditions extrêmement difficiles : boue, froid, faim et pertes humaines massives.
Sauf qu'avant la guerre, de nombreux soldats pensaient que celle-ci n'allait durer que quelques mois, et qu'elle n'arriverait pas jusqu'à Noël. Dans leurs esprits, tout serait réglé avant le mois de décembre, sauf que ce ne fut pas le cas.
En décembre 1914, les rumeurs d’une possible trêve se propagent parmi les troupes, selon National Geographic. L’idée est alimentée par le souhait de nombreux soldats de célébrer Noël, même dans les circonstances les plus sombres. Les autorités militaires, cependant, restent sceptiques et souvent hostiles à une telle initiative, craignant qu’elle n’affaiblisse le moral combatif.
Ainsi, la veille de Noël, à certains endroits, des soldats allemands décorèrent leurs tranchées avec des Tannenbäume, c’est-à-dire des sapins. Ils commencèrent alors à entonner des chants de Noël, et les soldats adverses y répondaient, selon National Geographic.
Dans certaines zones, les soldats osent sortir de leurs tranchées, d’abord avec prudence. Des drapeaux blancs improvisés apparaissent, et des gestes amicaux sont échangés. Peu à peu, des hommes des deux camps se rencontrent dans le 'No Man’s Land', la zone neutre entre les tranchées. Ils partagent des cigarettes, de la nourriture et des souvenirs, engageant des discussions dans des langues souvent rudimentaires, rapporte Historia.fr.
Le soldat Graham Williams, de la London Rifle Brigade, écrit alors dans une lettre, rapportée par France 24 : "Les Allemands chantaient une de leurs chansons, nous une des nôtres, jusqu’à ce que nous entamions 'O Come All Ye Faithful', et que les Allemands reprennent avec nous l’hymne en latin 'Adeste Fideles'. Et alors je me suis dit : 'Eh bien, c’est vraiment une chose extraordinaire – deux nations chantant le même chant de Noël en pleine guerre'."
Les chansons, le t a b a c, les chocolats… Beaucoup de choses rapprochent les hommes, et le football en fait partie. C'est ainsi que, contre toute attente, un match s'organise entre les soldats britanniques et allemands.
Si certains affirment que cette partie de football n'a jamais eu lieu, elle a pu être authentifiée grâce à "deux lettres écrites par des soldats britanniques, le caporal Albert Wyatt et le sergent Frank Naden, qui y décrivent une partie à Wulvergem, en Belgique", rapporte National Geographic.
Mais alors, à quoi ressemblait ces matchs ? Selon l'historien Rémi Cazals : "Si vous vous attendez à un match comme la finale de la Coupe d’Europe avec un terrain plat, un bon gazon, des buts avec des dimensions réglementaires, et bien évidemment ce n’est pas un match comme cela. Prenons-le plutôt comme un match bricolé sur un terrain qui n’était pas tout à fait convenable, les gens n’avaient pas de maillot particulier et quant à l’uniforme, il faut savoir que dans les tranchées, on porte n’importe quoi".
Un autre match aurait été disputé à Frelinghien, en France. Dans Frères de Tranchées, un officier allemand explique alors : "Nous avons marqué les buts avec nos képis. Les équipes ont été rapidement formées pour un match sur la boue gelée, et les Fritz ont battu les Tommies 3 à 2."
En 2014, cent ans après cette trêve de Noël, plusieurs commémorations ont été organisées pour rendre hommage à cette soirée unique. Une sculpture à Liverpool, un obus surmonté d’un ballon de football en acier à Saint-Yvon
Le 11 septembre 2014, l’UEFA a même érigé un monument à Ploegsteert en souvenir de "cette rencontre de la paix".
Le 26 décembre, la majorité des trêves spontanées prennent fin. Sous la pression des commandements, les soldats reprennent les hostilités. Les bombardements et les tirs redémarrent, mettant un terme à cette parenthèse exceptionnelle.
Toutefois, le Noël de 2015, qui suivit, ne fut pas aussi festif. Selon l'historien Rémi Cazals : "Il y en a eu (des trêves, ndlr) mais c’était beaucoup moins important. Sachant ce qu'il s’était passé en 1914, les autorités ont fait très attention. Les chefs n’aimaient pas cela. Ils étaient là pour mener une guerre et pas pour permettre aux soldats de fraterniser."
La trêve de Noël a inspiré de nombreuses œuvres artistiques, des films aux chansons, en passant par des pièces de théâtre. Ces créations perpétuent la mémoire de cet événement rare, symbole de la "magie de Noël".