Open d'Australie 2009 : les larmes de Federer, la consécration de Nadal, retour sur une finale de légende
Le 1ᵉʳ février 2009, l'histoire du tennis change à jamais. Le rapport de force s'inverse pour la première fois entre deux géants : Rafael Nadal et Roger Federer. Bien plus qu'une simple finale, ce dénouement de l'Open d'Australie s’est érigé en symbole de rivalité, de résilience et d’émotions. Retour sur une guerre de 4 heures et 23 minutes.
Avant cette finale, les deux hommes ne sont pas sur la même dynamique. Rafael Nadal, alors numéro un mondial, vient de remporter une demi-finale épique contre son compatriote Fernando Verdasco, un duel de cinq heures et quatorze minutes. De son côté, Roger Federer, déterminé à égaler le record de 14 titres du Grand Chelem de Pete Sampras, avait écarté Del Potro (6-3, 6-0, 6-0) et Roddick (6-2, 7-5, 7-5) en trois sets.
Le Suisse est donc, fort logiquement, le favori de cette finale. Déjà auréolé de trois titres à Melbourne, il fait face à un Rafael Nadal qui joue sa première finale à l'Open d'Australie. Le public s'attend à duel tactique et mental, entre deux joueurs aux styles totalement différents.
Dès le premier set, les deux hommes se répondent coup pour coup. Entreprenant, Roger Federer prend les devants et mène 4-2. Résilient, l'Espagnol revient au score et surprend même le Suisse à 6-5, arrachant un premier set de haute intensité (7-5).
Au deuxième set, la dynamique s'inverse. Rafael Nadal break son adversaire et mène 3-2, mais Roger Federer réagit et prend les quatre jeux suivants, pour revenir à égalité (7-5, 3-6).
Peu à peu, le Suisse prend le dessus sur son rival. Excellent au service, il survole les débats, mais n'arrive pas à conclure. Résultat ? Six balles de break : trois au 9ᵉ jeu (4-5), et trois au 11ᵉ jeu (5-6), en vain. Impressionnant de détermination, Rafael Nadal prend finalement le troisième set au tie-break, après avoir remonté un mini-break. Le taureau de Manacor prend les devants (7-5, 3-6, 7-6) et frappe un grand coup.
Après un quatrième set à sens unique (6-3), les deux hommes se retrouvent pour la cinquième et dernière manche. Un set qui se joue avant tout dans la tête et, à ce jeu-là, Rafael Nadal est injouable. Plus précis, plus solide et plus fort que son adversaire du soir, il profite des nombreuses erreurs du Suisse, qui craque complètement, pour s'offrir son premier Open d'Australie (7-5, 3-6, 7-6, 3-6, 6-2).
Une victoire historique pour bien des raisons. La première : Rafael Nadal devient le premier Espagnol à remporter l’Open d’Australie. La seconde : elle prouve et confirme que Rafael Nadal est une menace omniprésente, capable de vaincre Federer sur toutes les surfaces, après avoir remporté Wimbledon l'an passé.
Pour Federer, en revanche, la défaite est amère. Lors de la remise des trophées, le Suisse ne parvient pas à retenir ses larmes, submergé par l’émotion. Au micro, il fond en larmes dès le début de son discours, devant un public aussi ému que le champion.
Ce moment montre, pour la première fois, la vulnérabilité de Roger Federer. Habitué à la victoire, le Suisse dévoile ses faiblesses (et beaucoup d'humanité). Il n'est qu'un homme, après tout.
De l'humanité, il y en a des deux côtés. En voyant la scène, Rafael Nadal fait preuve d’une grande élégance et tente de consoler son rival : "Je suis vraiment désolé pour toi aujourd’hui". Des mots qui, selon L'Équipe, soulignent à la fois son humilité et son empathie.
Après avoir retrouvé ses esprits, 'Rodgeur' a analysé sa rencontre : "Je n'ai pas bien servi non plus. J'ai fait quelques doubles fautes stupides. J'ai essayé de retrouver mon rythme au service pendant tout le match, mais je n'y suis jamais arrivé. J'ai lutté, c'était un gros combat" rapporte Eurosport. "À part mon service, je suis content de mon jeu, j'ai bien tenu l'échange du fond du court. Sauf au cinquième set qui n'a vraiment pas été terrible de ma part. Je lui ai un peu donné le match au cinquième. J'aurais dû faire en sorte qu'il n'y en ait pas."
Du côté de Nadal, ce succès confirme sa domination contre le Suisse, puisqu'il s'agit de sa cinquième victoire en sept finales contre son rival (Open d'Australie 2009, Wimbledon 2008, Roland-Garros 2008, 2007 et 2006). À 22 ans et 7 mois, il est, plus que jamais, numéro 1 mondial.
La rivalité entre Federer et Nadal a toujours été marquée par un équilibre presque parfait : un contraste de styles, mais une profonde admiration mutuelle. Ce match en est la preuve, annonçant d'autres matchs de légende entre les deux joueurs.
Après cet épisode, Federer parvient à rebondir en remportant Roland-Garros trois mois plus tard, complétant ainsi le Grand Chelem en carrière et dépassant finalement le record de Sampras à Wimbledon.
Des larmes, de l'émotion, un match de légende et un tournant dans leur rivalité : Roger Federer et Rafael Nadal n'oublieront jamais cette finale, et le tennis non plus.