Daniil Medvedev et la terre battue, le début d'une nouvelle idylle ?
Daniil Medvedev a réussi ce dont on ne lui pensait pas forcément capable : remporter un titre sur terre battue. Le Russe, impérial lors de tout le tournoi, s’est imposé face à Holger Rune en finale du Masters 1000 de Rome.
Une performance qui semble lunaire pour les amateurs de tennis, tant le Russe s’est montré réfractaire à cette surface si particulière pendant de longues années. Il aura finalement fallu attendre ses 27 ans pour le faire changer d’avis.
Ce qu’il a toujours pointé du doigt autour de la terre battue, c’est le manque de régularité dans les déplacements comme dans les rebonds de la balle. Vrai spécialiste des surfaces dures, Medvedev a toujours eu du mal à s’accommoder à la surface glissante.
Étant un adepte du jeu très tendu et des échanges plutôt longs, il était en effet compliqué pour lui de pouvoir imposer son jeu sur une surface qui ne lui permettait pas de se déplacer facilement et de jouer des balles très rapides.
La preuve que le Russe n’est pas forcément un amoureux de la terre battue sont ses résultats sur la surface depuis le début de sa carrière, qui n’ont absolument rien de faramineux, bien au contraire.
Avant sa victoire à Rome, le Russe n’avait atteint qu’une finale sur la surface. C’était en 2019 à Barcelone, match durant lequel il s’était incliné face à l’Autrichien Dominic Thiem, dans un match à sens unique (6-4, 6-0).
Sinon, dans les gros tournois, c’est aussi compliqué pour Medvedev. En Masters 1000, son meilleur résultat était jusqu’ici une demi-finale perdue à Monte-Carlo face à Dusan Lajovic en 2019, encore.
En Grand Chelem, plus particulièrement à Roland-Garros, Medvedev est tout autant en difficulté. Il a participé 5 fois au tournoi, et a perdu 3 fois au premier tour et rejoint une fois les huitièmes de finale et une fois les quarts, en 2021.
Des résultats loin d’être satisfaisants pour un des seuls joueurs à avoir réussi à se placer à la première place du classement ATP pendant l’hégémonie du Big 3. Mais comme le rapporte son coach Gilles Cervara dans L’Équipe, le Russe a fait sauter des verrous dans sa tête.
"C'est simplement la conséquence d'avoir fait sauter les verrous dans sa tête. Quand tu fais du vélo avec les freins bloqués, bah tu n'avances pas. Là, c'est pareil. En fait, il ne s'est rien passé. Il a juste fait sauter ces freins-là et ça lui ouvre l'esprit à ce qu'il faut faire et à ce qu'il peut faire avec son jeu sur terre battue. Il est 3e mondial, il sait jouer au tennis."
" (...) Il faut faire attention, ces freins peuvent revenir. Mais sans eux, il est ouvert et on peut travailler. Il peut progresser parce qu'il est dans des dispositions qui lui permettent de faire évoluer son tennis. Il n'y a pas de magie."
Le Russe se serait donc laissé une chance sur terre battue, ne condamnant pas ses chances à l’avance et tentant de travailler pour combler ses lacunes. Son entraineur le dit, il a adapté sa structure tout en adaptant son jeu à la terre.
Les résultats du Russe sur terre battue pourraient donc vite s’améliorer, ce qui est une très bonne nouvelle pour lui puisqu’il pourra grappiller de nouveaux points pour tenter de retrouver le trône de l’ATP, actuellement détenu par Carlos Alcaraz.
Déjà un grand danger pour ses adversaires sur dur, Medvedev va tenter de le devenir aussi sur terre battue afin de gagner de nouveaux Masters 1000 se déroulant sur la surface, tels que Monte Carlo et Madrid.
Mais surtout, il pourra se servir de ses nouvelles aptitudes sur la surface pour tenter de créer la surprise à Roland-Garros. Bien loin de faire partie des favoris du tournoi il y a quelques semaines, Medvedev est maintenant un joueur à surveiller, même dans le Grand Chelem parisien.
Un nouvel amour s’est donc créé entre lui et la terre battue afin de ne pas le laisser penaud pendant la longue période sur terre battue. Mais comme il le dit lui-même : « On peut parler d’amitié, pas d’amour. Le dur est mon seul amour… dans le tennis ».