Guy Roux, un entraîneur emblématique de l’AJ Auxerre et du football français
On ne présente plus Guy Roux, le mythique entraîneur de l’AJ Auxerre, recordman de longévité sur le banc d’un club de football français de haut niveau et devenu avec le temps une véritable icône populaire. Retour en images sur le parcours d’un coach emblématique du football français !
Né en octobre 1938 en Alsace, Guy Roux est le fils d’un officier fait prisonnier pendant la Seconde Guerre mondiale puis envoyé dans un régiment en Indochine. Emmené en Bourgogne par son grand-père sous l’Occupation, il découvre le football dans une région dont il est devenu l’une des figures les plus populaires.
Pris de passion pour le ballon rond, Guy Roux fait ses débuts comme entraîneur dans le cadre de compétitions scolaires au lycée d’Auxerre où il est scolarisé. Il joue lui-même à deux postes différents dans deux clubs, le Stade Auxerrois et l’AJ Auxerre.
Sans abandonner le football, le jeune homme part à Limoges pour y étudier le droit et l’administration des entreprises. Il connaît une série d’expériences professionnelles : surveillant, maître d’internat et même représentant en Allemagne des truffes et foies gras du Périgord…
Joueur dans le club amateur de Limoges, Guy Roux ne parvient à s’imposer dans l’équipe professionnelle qui joue en première division. Sa carrière de footballeur ne semble pas décoller mais il a d’autres projets en tête.
Par un concours de circonstances, le natif de Colmar se retrouve sur le banc de l’AJ Auxerre comme entraîneur-joueur en 1961, à seulement 21 ans. Les dirigeants du club souhaitaient s’attacher les services d’un nom plus huppé mais ils ont finalement opté pour la candidature la moins chère.
C’est le début d’une longue success story sur le banc d’une équipe alors modeste dans l’univers du football français. L’AJA va connaître une série d’ascensions vers le plus haut niveau : en Troisième Division en 1970 (année où Guy Roux cesse de jouer lui-même), en Division 2 en 1974 avant d’être couronnée en accédant à l’élite en 1980.
Grâce au pactole rapporté par la qualification en finale de la Coupe de France 1979, Auxerre fait construire un centre de formation inauguré en 1982. Un pari payant puisque la première promotion compte de futurs grands joueurs comme Éric Cantona (sur la photo), Basile et Roger Boli, Pascal Vahirua ou Jean-Marc Ferreri.
Dans les années 1980, le club bourguignon devient un pilier de la Division 1, terminant la saison sur le podium dès 1984. Guy Roux maintient son club au sommet pendant plusieurs décennies et son nom devient indissociable de l’épopée d’une équipe encore méconnue à son arrivée.
Grâce à ses performances solides sur la scène nationale, Auxerre apparaît sur la carte de l’Europe du football. Après une première participation en 1984-1985, l’équipe parvient en quarts de finale de la Coupe de l’UEFA en 1990 où elle est éliminée par la Fiorentina de Roberto Baggio, puis en demi-finale de la même compétition en 1993 où elle ne pourra rien contre le Borussia Dortmund.
Après avoir gagné la Coupe de France, le premier trophée majeur du club, en 1993, l’AJA de Guy Roux remporte le championnat et réalise le doublé avec la Coupe en 1996. Une consécration pour l’entraîneur qui mène la barque auxerroise depuis déjà 35 ans ! La saison suivante, l’équipe se hisse en quarts de finale de la Ligue des champions, s’inclinant une nouvelle fois contre le Borussia, futur vainqueur de la compétition.
Alors qu’Aimé Jacquet quitte les Bleus sur une victoire lors de la Coupe du monde 1998, Guy Roux est pressenti pour lui succéder. Mais les dirigeants d’Auxerre refusent son départ. Parti à la retraite en 2000, l’entraîneur est contacté par le club allemand du Bayer Leverkusen.
Mais la figure emblématique de l’AJA décline la proposition du Bayer et revient au bercail en 2001. Avec une nouvelle génération de talents comme Djibril Cissé (meilleur buteur de Ligue 1 en 2002), Philippe Méxès, Olivier Kapo ou Jean-Alain Boumsong, Auxerre termine 3e du championnat. La saison suivante, le club bat Arsenal à Highbury en Ligue des champions et remporte une nouvelle Coupe de France.
En 2005, Guy Roux quitte définitivement le banc auxerrois pour intégrer la direction du club. Pour lui rendre hommage, le Challenge Guy-Roux est organisé l’année suivante : un match de charité entre d’anciens footballeurs qu’il a entraînés et d’anciens internationaux allemands.
En 2007, Guy Roux devient l’entraîneur d’un RC Lens aux ambitions européennes et fait venir d’anciens joueurs de l’AJA. Mais les résultats sont catastrophiques et le coach démissionne au bout de quatre journées seulement. Lens est relégué en Ligue 2 à la fin de la saison et les supporters du club tiendront Guy Roux pour responsable de cette débâcle.
Guy Roux détient le record de matchs de football dirigés en première division française : 894, dont 890 avec son club de toujours, l’AJ Auxerre. Il codétient également le record de 4 Coupes de France remportées en tant qu’entraîneur.
Dès les années 1970, Guy Roux a écrit des articles sur son club dans le journal ‘L’Yonne républicaine’, dans lesquels il parlait de lui à la troisième personne. Consultant sur ‘TF1’ pour les matchs internationaux puis sur ‘Canal +’ pour le championnat de France, il a rejoint ‘La chaîne L’Équipe’ en 2016.
Guy Roux est aussi apparu dans de nombreuses publicités pour des voitures ou des équipements de sport. Il joue volontiers de son image de personnage populaire et authentique, « à l’ancienne », mais terriblement attachant.
Car au-delà du coach, c’est l’homme qui est devenu une légende au fil des années. De nombreuses anecdotes racontées par ‘So Foot’ pour ses 80 ans témoignent de son caractère paternaliste à l’égard des joueurs : il surveillait le compteur kilométrique de leurs voitures pour repérer ceux qui sortaient, allait chercher ses joueurs lui-même en boîte de nuit et il a même recruté des « agents » dans les péages d’autoroute pour savoir lesquels allaient faire la fête à Paris.
Mais les joueurs savaient trouver la parade, comme Lilian Laslandes l’a raconté à ‘So Foot’ : « Dans les boîtes, le DJ mettait une musique pour signaler que Guy Roux arrivait. » Protecteur avec ses joueurs, Guy Roux savait aussi leur en imposer, comme l’a résumé Basile Boli (sur la photo) dans le même média : « Je n’avais pas peur de mon père, mais de Guy Roux. »
Personnage dur mais attachant, entraîneur talentueux mais fidèle, Guy Roux est une figure mythique du football français. Au-delà de son riche palmarès, il a toujours incarné une vision locale et populaire du sport du haut niveau. Chapeau bas !