La vie (et la mort) de Gigi Riva, le plus grand buteur de l'histoire de la Nazionale
Le 22 janvier, peu après 19h30, un coup de tonnerre s'abat sur l'Italie : le footballeur Gigi Riva est décédé à Cagliari à l'âge de 79 ans.
Il avait été hospitalisé la veille, à la suite d'un malaise, mais si les premières informations des médecins évoquaient un "état stable", le grand champion n'a finalement pas survécu.
Selon l'agence de presse Adnkronosdmis, alors qu'il avait été admis dans le service de cardiologie de l'hôpital de Cagliari pour un syndrome coronarien aigu, l'ancien attaquant aurait refusé de subir une angioplastie avant de consulter sa famille. Malheureusement, le temps a manqué et Gigi Riva a été victime d'un arrêt cardiaque fatal dans l'après-midi.
C'est ainsi que "Rombo di Tuono" ("le coup de tonnerre"), comme l'appelait le journaliste Gianni Brera, a quitté sa famille, le football et Cagliari, une ville dans laquelle il n'était pas né, mais qui l'a adopté et aimé inconditionnellement depuis son arrivée à l'âge de 19 ans.
Originaire de Leggiuno, sur les rives du lac Maggiore, où il est né en 1944, Luigi "Gigi" Riva a vécu une enfance compliquée. Sa famille a vécu dans la misère après la mort de son père, quand Gigi n'avait encore que neuf ans. Quelques années plus tard, le cancer emporte également sa mère.
En 1963, un premier rayon de soleil vient éclairer sa vie : un observateur de Cagliari reconnaît le talent du jeune attaquant de Leggiuno, alors en Serie C, et le convainc, malgré ses réticences initiales, de signer avec le club de la Sardaigne.
Lors de sa première saison avec les Rossoblu, Riva marque déjà huit buts, contribuant à la promotion de Cagliari en Serie A. Lors de la saison 66-67, il inscrit 18 buts, puis atteint la barre des 20 la saison suivante.
Doué d'un pied gauche merveilleux, rapide et solide physiquement, Gigi Riva (2ᵉ rangée, à droite) devient rapidement le porte-drapeau de Cagliari, mais aussi celui de l'équipe nationale. Lors de la finale des Championnats d'Europe de 1968, il contribue au triomphe des Azzurri face à la Yougoslavie en inscrivant un but lors de la victoire 2-0.
Toutefois, sa saison la plus aboutie est celle de 1969-1970. Redoutable, il inscrit 21 buts et confirme qu'il est, à cette époque, le meilleur buteur de la Serie A, mais surtout, il permet à Cagliari de remporter le premier (et dernier à ce jour) Scudetto de son histoire.
Après le Scudetto, pour les supporters de Cagliari, il n'y a pas de doute : Riva est une légende... et l'affection est réciproque ! Dans une interview accordée à la Gazzetta dello Sport, le champion déclare : "En 1963, je ne voulais pas venir ici, puis je m'y suis enraciné et je ne l'ai jamais regretté."
En toute logique, l'Europe commence alors à s'intéresser au profil du buteur et de nombreux clubs tentent de recruter l'attaquant, dont la Juventus de Gianni Agnelli.
C'est justement sur ce point que le joueur est si remarquable. Gigi Riva n'acceptera aucune de ces offres et restera fidèle à Cagliari tout au long de sa carrière.
Dans une interview accordée à la RAI, il explique lui-même ce choix : "Je pense que l'environnement dans les autres villes est différent de celui d'ici, il n'est pas aussi familier."
Cette année 1970 le voit également participer à la Coupe du monde au Mexique. L'Italie est battue en finale par le Brésil de Pelé, mais Riva marque ce qui est peut-être l'un de ses plus beaux buts en demi-finale contre l'Allemagne.
S'il n'a pas remporté beaucoup de titres avec la Squadra Azzurra, il a toujours été excellent avec sa nation. Il n'y a qu'à regarder les chiffres pour s'en rendre compte : il est le meilleur buteur de l'équipe nationale, avec 35 buts en 42 apparitions.
Malheureusement, en 1976, il se blesse au tendon. Cet événement marque le début du déclin de l'attaquant qui met un terme à sa carrière la même année, sous les couleurs de Cagliari, avant de se reconvertir dans le management, ce qui le conduit à la présidence de l'équipe sarde en 1985.
En 1987, Matarrese, qui vient de devenir président du Federcalcio, le fait entrer dans le staff de l'équipe nationale. Il fera également partie de l'accompagnement des Azzurri lors de la Coupe du monde 2006, la dernière remportée par l'Italie.
Sur la photo : Gigi Riva avec Fabio Cannavaro et Gigi Buffon, à la veille de la finale.
Le joueur a inspiré de nombreux footballeurs de l'âge d'or du football italien tels que Roberto Baggio (en photo avec lui), Bobo Vieri et Francesco Totti.
En 2005, le club de Cagliari le fait entrer dans son "Hall of Fame" en retirant le n° 11 en 2005, le plus grand hommage que l'on puisse faire à un joueur.
Aujourd'hui, c'est toute l'Italie qui pleure son héros. Un grand joueur, certes, mais avant tout un homme humble et fidèle.