L'histoire contrariée de l'introduction des femmes aux Jeux Olympiques
Si aujourd'hui les femmes concourent dans toutes les disciplines olympiques, cela n'a pas toujours été le cas, bien au contraire. L'histoire de l'introduction de la femme aux Jeux Olympiques a longtemps fait débat, au sein même de l'institution olympique et de son créateur : Pierre de Coubertin.
En effet, lors de la première édition des Jeux Olympiques modernes à Athènes en 1896, les femmes n'étaient pas au rendez-vous. Ce n'est que quatre ans plus tard, à Paris en 1900, que, selon le site officiel des JO, 22 femmes concourent dans cinq sports différents : le tennis, la voile, le croquet, l'équitation et le golf.
Dès cette époque, la participation de cette vingtaine de femmes fait débat. Le média Metro rapporte ainsi que, dans un texte daté de 1912 ("Les femmes aux Jeux olympiques"), Pierre de Coubertin affirmait qu’"impratique, inintéressante, inesthétique, et nous ne craignons pas d’ajouter : incorrecte, telle serait à notre avis cette demi-Olympiade féminine".
En 1928, il aurait également ajouté, toujours selon Metro : "la participation des femmes aux Jeux, j’y demeure hostile. C’est contre mon gré qu’elles ont été admises à un nombre grandissant d’épreuves." Ainsi, au sein même de l'institution olympique, le débat persiste.
Pourtant, cette année 1928 va être historique pour les femmes car, pour la première fois, elles sont admises dans les épreuves d'athlétisme et de gymnastique lors des Jeux Olympiques d'Amsterdam. 277 athlètes s’alignent alors dans les épreuves du 100 m, du 800 m, du relais 4 × 100 m, du saut en longueur et du disque, selon le site marathon.fr.
LIRE AUSSI : Qui est Kathrine Switzer, la première femme à avoir couru un marathon ?
Cette introduction est le fruit d'années de lutte. En effet, suite au refus du baron de Coubertin et du CIO d'inclure les femmes dans les épreuves d'athlétisme, la Fédération Sportive Féminine Internationale décide d'organiser, en 1921, les premiers jeux mondiaux féminins d’athlétisme à Monte-Carlo.
L'événement est un succès et Alice Milliat, la présidente de la FSFI, organise la même année les "Championnats olympiques féminins" à Paris au stade Pershing situé dans le bois de Vincennes. Une nouvelle fois, le concours est une réussite, bien que l'appellation "olympique" doive être abandonnée.
Le mouvement commence à faire son bonhomme de chemin et, en 1926, grâce à l'appui et l'accord du prince Gustave-Adolphe de Suède, 1926, les "Jeux mondiaux féminins" sont organisés au stade Slottsskogsvallen à Göteborg en Suède.
Le CIO (en photo), qui est à l'époque exclusivement masculin (il le restera jusqu'à l'année 1981), voit l'engouement populaire de ces événements et décide alors de s’incliner et d'introduire cinq épreuves féminines d’athlétisme aux JO d’Amsterdam en 1928.
Sauf que la presse mondiale ne va pas entièrement saluer cette introduction. Dans son ouvrage Le Siècle olympique, Pierre Lagrue raconte que le journaliste sportif John Tunis écrit alors sur l'épreuve du 800 m féminin : "Sous nos yeux, sur la piste cendrée, se trouvaient onze pauvres femmes, cinq ont abandonné avant la fin de la course, et cinq se sont effondrées sur la ligne d’arrivée."
Des propos totalement déformés puisque seules neuf femmes ont participé à la finale et toutes ont atteint la ligne d'arrivée, la gagnante Lina Radke établissant d'ailleurs un nouveau record mondial.
Peu à peu, le sport féminin va s'accroître aux Jeux Olympiques. Une épreuve sera ajoutée aux Jeux de Los Angeles en 1932 et six nouvelles à Berlin en 1936. Selon marathon.fr, 13 % des participants aux JO de Tokyo en 1964 sont des femmes, pour 23 % à Los Angeles en 1984 et 44 % à Londres en 2012.
Les Jeux Olympiques de 2012 seront d'ailleurs les premiers à introduire les femmes en boxe et sont les premiers dans lesquels les femmes concourent dans tous les sports au programme... enfin !