Nicolino Locche, la légende de la boxe devenu champion "sans combattre"
Nicolino Locche est considéré comme l'un des plus grands boxeurs de tous les temps. Pourtant, contrairement à des grands noms de la boxe comme Mike Tyson, il n'était pas connu pour sa force de frappe mais pour sa capacité d'évitement, à tel point qu'il était surnommé "l'intouchable".
Son style était totalement unique. Parfois, il mettait son visage en avant, ses mains derrière le dos et éviter les coups de son adversaire en se moquant de lui.
Il était différent des autres boxeurs qui arrivaient sur le ring avec les poings serrés et les triceps tendus... Nicolino, lui, montait détendu, les bras relâchés, les poings baissés.
En grand tacticien, il observait attentivement les mains de son adversaire et savait où il allait frapper. Il avait toujours une seconde d'avance. Il fatiguait ses adversaires, les frustrait, puis les mettait à terre avec quelques coups de poing bien portés.
Né à Mendoza, en Argentine, en 1939, Nicolino Locche vit une enfance compliquée. Souffre-douleur de ses camarades, il passe son temps à essayer d'esquiver les guets-apens de ses camarades.
La légende raconte qu'un jour, il se serait rebellé et se serait battu avec le leader du groupe qui le harcelait. La bagarre aurait eu lieu dans le gymnase Mocoroa, aujourd'hui démoli, l'école de boxe de Mendoza.
C'est là-bas qu'il fait la connaissance de son entraîneur : Paco Bermúdez. Un coach très strict qui n'hésitait pas à entraîner son élève jusqu'à la tombée de la nuit.
Toutefois, le gros défaut de Nicolino, c'est sa paresse. Quand son entraîneur lui disait de courir dix kilomètres, il en faisait cinq avant de prendre un raccourci et de passer à une fontaine pour se mouiller les cheveux.
Le boxeur est également un grand fêtard et un grand joueur. Il adore les casinos et passe ses soirées dans des boîtes de nuit. Un rythme de vie compliqué pour un sportif de haut niveau.
Après des années d'invincibilité à Mendoza, Nicolino remporte devient champion national en battant Jaime Gine en 1961. Il se rend ensuite à Buenos Aires, au Luna Park, temple mondial de la boxe dans les années 1960.
La première fois que le grand public va assister à un combat de l'Argentin, il va détester. Le boxeur ne donne pas un coup... et n'en prend pas un seul. Pour certains, c'est presque comme s'il ne combattait pas, un "anti-boxeur".
Toutefois, son style fait le tour du monde et Nicolino devient le nouveau rival à battre. Tous les grands boxeurs de l'époque veulent l'affronter. Joe Brown, Ismael Laguna, Carlos Ortiz. Sandro Lopopolo... Aucun d'entre eux n'arrive pourtant à toucher Nicolino. Il devient alors une immense star en Argentine. Aux États-Unis, il y avait Mohammed Ali. En Argentine, Nicolino Locche.
En 1968, l'Argentin décide de prouver qu'il est le meilleur du monde en affrontant le champion japonais invaincu, Takeshi Fuji. Surnommé "le kamikaze à l'allure de samouraï", le défi est immense pour Nicolino.
Comme prévu, le combat est une attaque-défense. Le Japonais essaie de toucher son adversaire mais Locche est trop rapide et contre son rival.
Au dixième round, après trente minutes d'effort, Takeshi Fuji décide d'abandonner. À bout de force, le Japonais n'a donné qu'un coup significatif à son adversaire. Locche est champion du monde et est accueilli en héros dans son pays.
Après cela, l'Argentin défend son titre mondial à cinq reprises. En 1973, il rompt avec son entraîneur, Paco, et perd son combat suivant, contre Alfonso Frazer. Il met ensuite fin à sa carrière à 37 ans.
Intronisé au Hall of Fame de la boxe en 2003, Locche s'éteint dans sa ville de Mendoza en 2005 à l'âge de 65 ans. Maria Rosa, sa seconde épouse, a entendu son dernier rêve : il voulait se battre à nouveau au Luna Park.