Peter Sagan, les adieux discrets d'un roi du cyclisme
Le 1ᵉʳ octobre 2023, Peter Sagan a disputé la dernière course de sa carrière sur le Tour de Vendée. Le triple champion du monde, véritable superstar du cyclisme, prend pourtant sa retraite dans un anonymat troublant.
Si le Slovaque fait partie des plus grands coureurs de la planète et a hissé le cyclisme dans une autre dimension, il a presque disparu des radars ces dernières années.
Pourtant, il y a encore deux ans, Peter Sagan était une des figures emblématiques du peloton. Comment a-t-il changé de statut aussi rapidement ?
Retour sur la carrière d'un coureur qui a marqué les esprits pour sa forte personnalité, son arrogance et ses victoires plus impressionnantes les une que les autres.
Né en 1990 à Žilina, en Slovaquie, Peter Sagan commence le vélo à l'âge de neuf ans quand il rejoint le club local Cyklistický spolok Žilina, à l'instar de son grand frère Juraj, pour faire du VTT.
Contrairement à ses adversaires, Peter Sagan adopte un look absolument unique : chaussures de tennis, tee-shirts trop grands... Le Slovaque se fait remarquer dans le milieu.
Ce style extravagant est couplé d'une attitude et de capacité hors norme. En effet, alors qu'il évolue en junior, Peter Sagan vend son vélo et ne reçoit pas son nouveau à temps. Il dispute donc une manche de la Coupe de Slovaquie de VTT avec le vélo de supermarché de sa sœur... et gagne !
En 2007, à 17 ans, il devient champion de Slovaquie de cyclo-cross et dispute plusieurs étapes des circuits mondiaux et européens. Il commence également le cyclisme sur route. L'année suivante, il termine deuxième de Paris-Roubaix junior après avoir fait la course en tête.
Champion d'Europe et de champion du monde juniors de cross-country en 2008, Peter Sagan marche sur la discipline avec, comme seul concurrent, le Polonais Michał Kwiatkowski. Le Slovaque décide, en 2009, de se concentrer surtout sur le cyclisme sur route.
En 2010, après un essai raté à la Quick-Step qui a failli le décourager, il intègre l'équipe Liquigas-Doimo et impressionne les médecins et managers par sa force physique impressionnante, qui lui vaut le surnom de "Terminator".
Les débuts du Slovaque sont absolument fracassants. À 19 ans, il dispute Paris-Nice et remporte deux épreuves devant des coureurs comme Alejandro Valverde et Joaquim Rodriguez.
Peter Sagan continue sur sa lancée en remportant des étapes sur les tours de Romandie et de Californie, remportant dans le même temps les classements par points. Il termine sa première saison en pro avec cinq victoires.
La saison suivante, il remporte le Tour de Pologne, une étape sur le Tour de Suisse et trois sur la Vuelta, ses premières victoires sur un Grand Tour. Il finit la saison avec quinze victoires mais avec des déceptions sur les classiques.
Après avoir fait le plein de confiance en 2011, Peter Sagan aborde 2012 avec d'énormes ambitions. Il commence par écraser le Tour de Californie avec cinq victoires d'étape (un nouveau record) avant de faire de même au Tour de Suisse, avec quatre victoires.
Il est aligné pour son premier Tour de France et répond présent en remportant la 1ʳᵉ étape, puis la 3ᵉ, puis la 6ᵉ. Il gagne cette année-là son premier maillot vert, soit celui du classement par points.
La machine est lancée et ne s'arrête plus. En 2013, il récidive sur le Tour avec une étape et le maillot vert mais est frustré sur les classiques avec quatre deuxièmes places au Strade Bianche, sur Milan-San Remo, au Grand Prix E3 et sur le Tour des Flandres. Il remporte tout de même Gand-Wevelgem et la Flèche Brabançonne.
L'année 2014 est assez décevante pour le Slovaque qui ne remporte "que" sept victoires, son plus bas total depuis 2010. Il s'adjuge toutefois un troisième maillot vert en trois participations et le Grand Prix E3.
En 2015, il rejoint la Tinkoff-Saxo et change de dimension en remportant son premier maillot arc-en-ciel, devant l'Australien Michael Matthews lors des championnats du monde. Il gagne une nouvelle fois le maillot vert et une étape sur le Tour d'Espagne.
En 2016 et 2017, Peter Sagan va tout écraser sur son passage. Le Slovaque marche sur les Mondiaux en remportant trois championnats du monde consécutifs, dans trois scénarios différents. Sur le Tour de France, il gagne son premier maillot jaune et déclare alors : "Si je perds le jaune, j'ai le vert. Si je perds le vert, j'ai le maillot arc-en-ciel."
Intouchable, le personnage de Peter Sagan prend forme : un compétiteur exceptionnel, qui ne mâche pas ses mots et a une immense confiance en lui.
En 2018, Peter Sagan remporte son premier Paris-Roubaix et devient le premier coureur champion du monde en titre à gagner sur le Vélodrome de Roubaix depuis Bernard Hinault en 1981. Il remporte la Reine des classiques et montre à tout le monde qu'il est bel et bien le plus fort. Il remporte également un sixième maillot vert et sept participations.
À partir de 2019, le Slovaque va commencer à passer petit à petit au second plan. Le puncheur n'arrive plus à suivre les attaques de coureurs comme Julian Alaphilippe, Wout Van Aert et se fait surclasser par les meilleurs sprinteurs. Il remporte un septième maillot vert... son dernier.
En 2020, il finit la saison avec une seule victoire sur le Tour d'Italie. La saison suivante, il remporte le maillot cyclamen du Giro avec une étape mais ne joue plus vraiment avec les meilleurs dans les classiques.
En 2022, il rejoint l'équipe française TotalEnergies. En deux ans, le Slovaque remporte une étape du Tour de Suisse, sa 18ᵉ en Helvétie (un record).
Il annonce finalement en 2023 la fin de sa carrière. Une annonce discrète pour un coureur pourtant immense et extravagant. Depuis 2019, le Slovaque s'est fait voler la vedette par la nouvelle génération de puncheurs : Julian Alaphilippe, Wout Van Aert, Mathieu Van Der Poel, Tom Pidcock, Tadej Pogacar...
Il dispute sa dernière course sur le Tour de Vendée le 1ᵉʳ octobre. Malgré cette retraite discrète, Peter Sagan restera une légende du cyclisme route. Désormais, le Slovaque se concentre sur le VTT avec un objectif : les Jeux Olympiques de Paris 2024 !