Pourquoi les footballeurs professionnels sont-ils de plus en plus souvent blessés ?
Entre les grandes compétitions et le marché des transferts, l’actualité du ballon rond est rythmée par des annonces régulières de blessures de joueurs. Avec parfois l’impression que leur fréquence ne fait qu’augmenter année après année…
Outre les blessures musculaires, les cas les plus fréquents concernent la cheville et le genou, avec notamment la fameuse rupture des ligaments croisés, la hantise de tout footballeur qui se respecte.
Abou Diaby, Marco Reus, Gareth Bale, Yoann Gourcuff et même le double Ballon d’or brésilien Ronaldo… nombreux sont les joueurs de top niveau mondial dont la carrière a été compromise ou fortement ralentie par des blessures à répétition.
Les dernières années ont vu d’autres grands noms du football mondial squatter l’infirmerie trop souvent pour satisfaire pleinement les attentes placées en eux. Pour ne citer qu’eux, le crack brésilien Neymar a manqué près de la moitié des matchs du PSG depuis son arrivée en 2017, tandis que le champion du monde français Paul Pogba n’en a disputé que deux avec la Juventus de Turin depuis son retour chez les Bianconeri à l’été 2022.
Alors, quelles sont les causes de ces blessures à répétition ? Une raison fréquemment avancée est l’hygiène de vie des joueurs. Les habitudes alimentaires et la vie nocturne de certains d’entre eux ne seraient pas compatibles avec le haut niveau et favoriseraient les blessures en plaçant l’organisme dans de mauvaises conditions.
Une autre explication des blessures régulières est l’enchaînement trop rapproché des matchs. Ce rythme solliciterait excessivement le corps des footballeurs et serait un facteur de risque supplémentaire de blessure.
En effet, entre le championnat, les coupes nationales, les compétitions continentales et les matchs de sélection, les joueurs internationaux peuvent disputer jusqu’à 50 ou 60 matchs par saison, avec un temps de récupération de plus en plus court.
Pour Vincent Gouttebarge, le chef du service médical de la FIFPRO cité par ‘So Foot’, « l’influence néfaste des matchs à répétition sur les blessures musculo-squelettiques » est avérée. Concrètement, « les joueurs ayant moins de cinq jours de repos entre deux matchs ont un risque plus élevé de se blesser que ceux qui n’en jouent qu’un par semaine ».
Cette situation ne semble pas inquiéter les instances du football mondial. Ces dernières années, de nouvelles compétitions comme la Ligue des nations ont été créés et d’autres ont été alourdies, comme la Coupe du monde qui sera disputée par 48 équipes (contre 32 auparavant) à partir de 2026.
Pour Jean-Pierre Paclet, l’ancien médecin de l’équipe de France cité par ‘France Info’, la cadence des matchs devrait être ralentie pour préserver les organismes des joueurs : « Cela fait des années que nous les médecins et le corps médical, on dit que les joueurs jouent trop. »
Un constat aggravé l’an dernier par la Coupe du monde qui a eu lieu au Qatar : les matchs se sont enchaînés à un rythme inédit cette saison 2022-2023, car le climat dans la région du Golfe a nécessité l’organisation du Mondial en automne, en plein milieu de la saison en club.
Au-delà de l’aspect physique, le tabou de la santé mentale des joueurs commence à être brisé. La déclaration de Raphaël Varane dans un entretien au ‘Canal Football Club’, lors de l’annonce de sa retraite internationale début 2023, a contribué à une prise de conscience sur le sujet.
« J’ai tout donné, physiquement, psychologiquement. Le très haut niveau, c’est une machine à laver. On joue tout le temps, on ne s’arrête jamais. En ce moment, j’ai l’impression d’étouffer et le joueur est en train de bouffer l’homme. », avait déclaré le défenseur de Manchester United.
Pour Sophie Huguet, la psychologue de l’AS Monaco citée par ‘So Foot’, les joueurs sont « dans un stress qui est assez permanent » et « habitués à masquer leurs émotions ». « Si l’entraîneur détecte des baisses de motivation, il risque d’y avoir un impact sur leur temps de jeu. », ajoute-t-elle.
Cette crainte de perdre du temps de jeu ou d’être marginalisé par leurs coéquipiers peut donc pousser certains joueurs à cacher leurs difficultés psychologiques et à se soumettre à un rythme excessif, lui-même facteur de nouvelles blessures.
Comment préserver la santé physique et mentale des footballeurs ? Une bonne hygiène de vie, un rythme mesuré des efforts et un suivi physique et psychologique régulier semblent être les bons ingrédients. Mais entre la pression du haut niveau et la surcharge des calendriers, il n’est pas certain que ces bonnes pratiques soient toujours au rendez-vous dans les années à venir.