Qu'est devenu Fabrice Santoro, le virtuose du coup droit à deux mains ?
Le charme d'un tennisman vient surtout de son style de jeu : revers à une main, service-volée... Fabrice Santoro, lui, avait son coup à lui : le coup droit à deux mains !
Un match de Fabrice Santoro, c'est l'assurance de coups aussi magnifiques qu'inattendus, un joueur spectaculaire avec une longévité impressionnante, puisque le Français a pris sa retraite en 2010, à l'âge de 37 ans.
Avec deux coupes Davies (1991 et 2001) à son actif et autant de victoires en Grand Chelem (en double, avec Michaël Llodra), Fabrice Santoro a également l'un des palmarès les plus fournis du tennis français. Retour sur la carrière de ce virtuose.
Fabrice Santoro naît le 9 décembre 1972 à Tahiti, en Polynésie française. Il grandit à Toulon et c'est son père, alors professeur de tennis, qui le coache personnellement à partir de sept ans.
Dès son plus jeune âge, Fabrice Santoro joue avec des raquettes assez lourdes et opte pour un coup droit à deux mains, très rare à cette époque. Si cette technique lui offre plus de précision, elle diminue cependant sa puissance et son allonge.
Le jeune garçon prend alors cette habitude qu'il ne changera jamais. Brillant et doué d'une intelligence de jeu hors norme, il se distingue pour la première fois en remportant Roland Garros junior en 1989, à 16 ans.
Le jeune homme représente alors l'avenir du tennis tricolore et ne va pas tarder à s'illustrer sur le circuit professionnel. Dès 1990, il va en finale du Grand Prix de Toulouse et remporte le prix ATP de la révélation de l'année.
En 1991, il est sélectionné dans l'équipe de France de Coupe Davies et qualifie la France pour les demis grâce à sa victoire contre l'Australien Wally Masur dans le cinquième match décisif. La France remportera la coupe et Fabrice Santoro remporte ici son premier titre professionnel à 18 ans... et pas n'importe lequel !
Le jeu de Fabrice Santoro est alors craint par de nombreux adversaires sur le circuit, car les coups du Français sont totalement imprévisibles. En 1992, après une victoire contre Boris Becker, le jeune prodige passe à deux doigts d'éliminer le géant Goran Ivanišević en demi-finale des Jeux Olympiques de Barcelone mais s'incline finalement dans un match marathon (7-6, 7-6, 4-6, 4-6, 6-8).
Toutefois, Fabrice Santoro peine à être régulier et son manque de puissance le dessert énormément sur des surfaces rapides. Il décide alors d'opter pour un style de jeu plus offensif au milieu des années 1990, après deux finales perdues, à Dubaï (1993) et à Kitzbühel (1994).
Grâce à cette nouvelle approche, Fabrice Santoro remporte enfin son premier titre sur le circuit à Lyon en 1997 (24 ans), il s'agit alors de son 168ᵉ tournoi. Il est le quatrième joueur à avoir disputé le plus de tournois ATP avant d'en remporter un derrière Vincent Spadea, Tom Gullikson (204) et Andreas Seppi (175).
Sur sa lancée, il enchaîne avec des victoires à Marseille (1999) puis à Doha (2000). Sa combativité et son talent sont de plus en plus réputés sur le circuit et le joueur est alors surnommé 'le petit magicien' ou 'Battling fab' (Fab le battant).
En double, le joueur commence également à faire sensation puisqu'il enchaîne les titres, dont trois en un mois entre septembre en octobre 1998, avec Olivier Delaitre.
En 2001, Fabrice Santoro marque les esprits en remportant une deuxième Coupe Davies, en remportant le double en finale avec Cédric Pioline.
En 2003, avec Nicolas Escudé, il remporte le BNP Paris Masters avant d'inscrire enfin son nom au tableau des vainqueurs de Grand Chelem en 2003 à l'Open d'Australie avec Michaël Llodra.
L'année suivante, il conserve son titre avec Llodra à Melbourne et confirme qu'il fait bien partie des meilleurs joueurs de double du monde. En 2005, les deux hommes remportent les Masters Series à Rome.
Dans sa carrière, Fabrice Santoro a fait une victime : Marat Safin. Le Russe, numéro 1 mondial en 2005, n'a remporté que trois de ses dix confrontations avec le Français. Il dira après un match : "C'est un cauchemar pour moi de jouer Santoro", et il conclura : "Tout le monde peut battre Fabrice Santoro. Tout le monde, sauf moi."
Tout au long de sa carrière, Fabrice Santoro s'est fait remarquer par son caractère bien trempé. Battant, dynamique, parfois à la limite, il est "récompensé" de cette force d'esprit en 2008 à Roland Garros par le Prix Citron, récompensant "la personnalité forte en zeste et en caractère" de la quinzaine.
En 2009, il entame sa 13ᵉ saison consécutive dans le top 100, sans pour autant avoir atteint le top 10 mondial. Il est, par ailleurs, le joueur à avoir battu le plus de top 10 (42) sans en avoir jamais fait partie.
Il annonce sa retraite en 2009, mais décide de la retarder jusqu'à 2010 pour participer à l'Open d'Australie. Il devient, en janvier 2010, le premier joueur de l'ère moderne à avoir disputé au moins un Grand Chelem sur quatre décennies.
Le Français prend ainsi sa retraite le 18 janvier 2010, à Melbourne, après une défaite contre le Croate Marin Čilić, 14ᵉ mondial et futur demi-finaliste.
En raison de son fort caractère, Fabrice Santoro devient, après sa carrière, l'un des chouchous des médias français. Il collabore ainsi avec BeIn Sports à partir de 2014.
Fabrice Santoro a également été entraîneur de plusieurs tennismen dont Serhiy Stakhovsky en 2015, Pierre-Hugues Herbert en 2017 et Richard Gasquet en 2018.