Raphaël Géminiani est mort : retour sur la carrière d'un Monument du Tour de France
Le vendredi 5 juillet, l'ancien coureur cycliste français Raphaël Géminiani s'est éteint à l'âge de 99 ans dans sa maison de retraite de Pont-du-Château. Légende du Tour de France, il laisse derrière lui un héritage immense.
S'il n'a jamais remporté le Tour, le coureur tricolore a marqué de son empreinte la Grande Boucle. Grâce à ses sept victoires d'étapes déjà, mais aussi par son panache, sa détermination et sa carrière de directeur sportif, où il mènera Jacques Anquetil vers ses plus grands succès.
Né le 12 juin 1925 à Clermont, l'Auvergnat a toujours clamé son amour pour sa région et pour le Puy-de-Dôme. Son père, cycliste aussi, lui transmet sa passion. C'est en 1943, à 18 ans, qu'il signe sa première licence à l'Amicale cycliste clermontoise.
En 1946, à 23 ans, le jeune coureur se voit offrir une opportunité en or : signer en professionnel à l'équipe Métropole. En 1947, il participe à son premier Tour de France, mais enchaîne les défaillances. Critiqué de toutes parts, il hésite même à arrêter le cyclisme.
L'année suivante, en 1948, il se révèle enfin en menant son leader, Guy Lapébie, à terminer troisième du Tour. 15ᵉ au général, l'Auvergnat est accueilli en héros à Clermont : le début d'une histoire d'amour infini avec la Grande Boucle.
En 1949, le coureur est retenu par l'équipe de France pour faire partie de leur délégation sur le Tour. En jambes, il remporte la 19ᵉ étape et terminera 25ᵉ cette année-là.
En 1950, Géminiani devient le co-leader de l'équipe de France avec Louison Bobet. Malgré un début de Tour poussif, il retrouve sa forme en troisième semaine pour remporter les 14ᵉ et 19ᵉ étape. Louison Bobet termine troisième de cette Grande Boucle, Géminiani est quatrième.
L'année suivante, en 1951, il est annoncé favori du Tour après sa victoire sur la septième étape du Dauphiné Libéré. Malheureusement, il ne peut rien faire devant la supériorité d'Hugo Koblet. Le Suisse s'impose devant Géminiani qui se consolera avec une victoire d'étape et le maillot de la montagne.
Le Français décide, après ce podium, de tenter sa chance sur le Giro où il est l'équipier de son modèle, Fausto Coppi. Il remporte une étape et le maillot de la montagne, avant d'enchaîner avec deux nouvelles victoires d'étape sur le Tour en 1952.
Champion de France en 1953, il fonde sa propre équipe en 1954 avec la marque Saint-Raphaël. En 1955, le coureur se distingue en faisant fort sur les trois Grands Tours. Il termine quatrième du Giro en ayant porté le maillot rose, sixième du Tour avec une victoire et troisième de la Vuelta, en ayant endossé trois jours le maillot rouge.
Après cette année 1955 excellente, mais épuisante, le Français va connaître une baisse de forme jusqu'au Giro 1957 où il termine cinquième en remportant le classement de la montagne. Il fera de même sur la Vuelta, avec une cinquième place.
En 1958, l'Auvergnat va signer son dernier coup d'éclat. Écarté de l'équipe de France par Jacques Anquetil, qui ne veut pas qu'on lui vole la vedette, Géminiani rejoint l'équipe régionale Centre-Midi. Il promet alors de tout faire pour embêter l'équipe de France.
Après une échappée victorieuse sur la sixième étape, il gagne dix minutes d'avance sur les favoris. Il endosse le maillot jaune quelques jours plus tard, pour la première fois de sa carrière. Il garde ce maillot jaune jusqu'à la dernière étape alpestre où il s'effondre, alors qu'il était si proche de la victoire finale. Il laissera sa tunique à Charly Gaul et terminera troisième de ce Tour.
L'Auvergnat prend finalement sa retraite en 1960, à 35 ans, avant de devenir directeur sportif de l'équipe Helyett-Saint-Raphaël. Si, au début, la relation avec son leader Anquetil est compliquée, les deux hommes vont enfin réussir à s'entendre, et leur collaboration aboutit à trois victoires sur le Tour (1962 à 1964) et aussi à "l'exploit du siècle" : la double victoire sur le Critérium du Dauphiné libéré et Bordeaux-Paris en moins de vingt-quatre heures.
Dans son livre 'Louison Bobet : Une vélobiographie', Jean Bobet décrit Raphaël Géminiani : "Le style facile ne lui convient pas. Il pédale dans la hargne au contraire, avec ses jambes, avec ses pieds, ses bras, ses épaules, son nez même. Il aime se maltraiter comme il maltraite son matériel, et il savoure d'autant plus son plaisir que ses ravages sont importants. Il marche au fouet. Plus il se flagelle, plus il rue."
Le 5 juillet 2024, à 99 ans, Raphaël Géminiani s'est éteint dans sa maison de retraite de Pont-du-Château. Il laissera derrière lui des souvenirs immenses : merci pour tout.