Renaud Lavillenie : un champion au crépuscule de sa carrière
À quelques jours des Mondiaux d’athlétisme de Budapest, le perchiste Renaud Lavillenie a déclaré son forfait. Diminué, le Clermontois a toutefois annoncé qu’il se préparait pour les Jeux Olympiques 2024 de Paris.
À 36 ans, le Français prépare donc le dernier grand rendez-vous de sa carrière, chez lui, en France. Si, aujourd’hui, il n’arrive plus à rivaliser avec les meilleurs du monde, il a marqué de son empreinte le saut à la perche.
Ancien recordman du monde et premier homme à dépasser le géant ukrainien Sergueï Bubka et sa barre à 6 mètres 15, 21 ans après, Renaud Lavillenie restera éternellement l’un des visages de la discipline.
Aujourd’hui, c’est le Suédois Armand Duplantis qui a pris le relai. L’athlète de 23 ans, héritier du Français, a fixé un nouveau record du monde à 6 mètres 22 à Clermont, dans la ville de son idole… comme un symbole !
Grand fan de rugby, personnage passionné et passionnant… Retour sur le parcours de Renaud Lavillenie, l’homme qui a fait aimer le saut à la perche à toute une nation !
Qu’est-ce qui peut bien vous destiner à devenir perchiste ? L’amour pour l’athlétisme ? Une famille passionnée de saut à la perche ? L’attraction des sensations fortes ? Eh bien figurez-vous que c’est un peu de tout cela.
Natif de Barbezieux-Saint-Hilaire, en Charente, Renaud Lavillenie a grandi dans une famille sportive. Son père, Gilles, est un ancien perchiste amateur et dirige un centre équestre. Des passions qu’il va transmettre à son fils.
Dès ses sept ans, le jeune Renaud Lavillenie va découvrir l’athlétisme au Cognac Athlétisme Club. Là-bas, il touche un peu à tout et ne se spécialise pas vraiment dans un domaine en particulier.
En parallèle de ses études et de l’athlétisme, il continue à faire de la voltige équestre dans le club tenu par son père. Toutefois, à ses 15 ans, le jeune homme se rend compte qu’il souhaite se concentrer sur une seule discipline : le saut à la perche.
Entraîné par son père au Cognac AC, Renaud Lavillenie progresse à son rythme. Il franchit 4,30 m en 2003, 4,60 m en 2004, puis 4,70 m en 2005 alors que le titre mondial junior se situe autour des 5,50 m.
Il faut attendre 2007 pour voir Renaud Lavillenie tutoyer les sommets mondiaux pour la première fois. À Niort, il franchit une barre à 5 mètres 45 et devient un sérieux prétendant chez les juniors.
Cette performance déclenche quelque chose chez le jeune athlète. L’année suivante, il se qualifie pour les championnats du monde et termine 13ᵉ, avant de terminer deuxième des championnats de France derrière Romain Mesnil.
Il passe en fin d’année une barre à 5 mètres 81 et devient l’un des meilleurs performeurs mondiaux de la saison. En 2009, il remporte son premier titre majeur en devenant champion d’Europe, en égalant son record lors du concours.
Cette année 2009 est synonyme d’explosion pour le Français de 23 ans. Alors qu’il participe aux championnats d’Auvergne, il passe une barre à 5 mètres 96, atomisant son record de 15 centimètres et devenant le deuxième meilleur performeur français derrière les 5 mètres 98 de Jean Galfione.
Sur sa lancée, Lavillenie dépasse la barre symbolique des six mètres le 21 juin, devenant le 15ᵉ homme à réaliser cet exploit en plein air. Malgré sa grande forme, il termine troisième des championnats du monde derrière Hooker (5,90 m) et Mesnil (5,85 m) à 5 mètres 80.
En 2010, il conserve son titre de champion d’Europe mais ne parvient pas à battre son record. Il faut attendre 2011 pour que le Clermontois franchisse 6 mètres 03. Annoncé favori lors des Mondiaux à Daegu, il se classe troisième à 5 mètres 85 et se dit “très déçu”.
En 2012, il prend sa revanche en devenant champion du monde en salle à Istanbul avec une barre de 5 mètres 95. Mais cette année est surtout couronnée du plus grand titre de sa carrière, celui de champion olympique.
À Londres, Renaud Lavillenie bat un nouveau record olympique en passant 5 mètres 97 et entre dans l’histoire, devenant le troisième Français champion olympique de saut à la perche après Pierre Quinon et Jean Galfione.
Après cette victoire, Renaud Lavillenie se met alors en tête d’aller chercher le record du monde et, enfin, un titre de champion du monde en plein air. C’est en 2014, lors du Pole Vault Stars de Donetsk, sous les yeux de Sergueï Bubka, qu’il réussit un exploit monumental.
21 ans après le record des 6 mètres 15 de l’Ukrainien, le Français franchit 6 mètres 16 devant une foule en délire. Il bat ainsi l’un des plus vieux records en activité dans le monde de l’athlétisme et rentre, à jamais, dans l’histoire.
En 2016, lors des Jeux Olympiques de Rio, il termine deuxième derrière le surprenant Thiago Braz da Silva malgré une barre à 5 mètres 98. Après le concours, il se plaint des sifflets du public brésilien et sera sifflé le lendemain sur le podium, en larmes. Un moment déchirant pour un immense champion.
Malgré son record du monde et son titre olympique, Renaud Lavillenie n’a cependant jamais réussi à être champion du monde, battu en 2015 par le Polonais Barber et en 2017 derrière Kendricks.
Cette absence de titre mondial (en plein air) est la seule tâche d’un palmarès exceptionnel. On espère désormais que Renaud Lavillenie sera en pleine forme pour son prochain objectif : les JO de Paris 2024 !