Richard Virenque : le cycliste dopé dont la France est tombée amoureuse
Les histoires d'amour les plus intenses sont souvent les plus compliquées, celle entre Richard Virenque et le public français en fait partie.
Adoré par les fans, celui qu'on surnomme "Richard cœur de lion" était le chouchou de la Grande Boucle. Un coureur frisson, un puncheur plein de panache comme on les aime.
Alors que l'idylle est parfaite, tout s'écroule en 1998, avec le plus gros scandale de l'histoire du cyclisme : l'affaire Festina.
Lui qui était l'enfant modèle devient le mauvais élève, le tricheur. Le gendre idéal va devoir renaître de ses cendres. Un combat qu'il mènera jusqu'à la fin de sa carrière.
Pour comprendre comment Richard Virenque est passé de héros à zéro, il faut revenir dans le passé, en 1991, pour le débit de la carrière d'un cycliste pas comme les autres.
Si la plupart des carrières cyclistes commencent de manière assez conventionnelle, celle de Richard Virenque est plutôt particulière. En effet, alors qu'il participe au championnat du monde amateur à Utsunomiya en 1990, il attire l'attention de Marc Braillon, le PSG de l'agence d'intérim RMO.
Marc Braillon est directement séduit par les qualités du jeune cycliste et impose au directeur sportif de l'équipe RMO, Bernard Vallet, de le recruter. Les deux hommes sont en désaccord sur le sujet mais Richard Virenque est finalement intégré à l'équipe.
En 1992, à 23 ans, Richard Virenque prend le départ de son premier Tour de France. Le petit grimpeur de RMO fait directement ses preuves avec une deuxième place lors de la troisième étape et prend même le maillot jaune pendant une journée.
Le public découvre alors un coureur dynamique et fort sympathique, qui n'hésite pas à attaquer. Il finit ce Tour à la deuxième place du classement de la montagne : le premier chapitre d'une longue histoire d'amour.
En 1993, il intègre l'équipe Festina, l'une des plus grandes du peloton. Dès sa première année, il remporte une étape sur le Tour du Limousin et finit 19ᵉ de la Grande Boucle. Des débuts prometteurs mais pas non plus grandioses.
Tout change en 1994 pour Richard Virenque. Plus offensif, il remporte le Trophée des grimpeurs. C'est sur le Tour qu'il va montrer toutes ses qualités en remportant la 12ᵉ étape à Luz-Ardiden.
Après avoir talonné le maillot jaune Miguel Indurain dans les Pyrénées, il finit finalement 5ᵉ au classement général mais remporte le maillot à pois du meilleur grimpeur. Le phénomène Virenque est lancé !
Après avoir remporté deux étapes sur le Critérium du Dauphiné, il arrive sur la Grande Boucle avec les mêmes intentions que l'an passé. Résultat ? Une victoire d'étape et le maillot à pois ! Toutefois, le Français n'a pas pesé fort au classement général avec une neuvième place.
L'année suivante, Richard Virenque décide de tout miser sur le classement général. Après un départ poussif, il sort 7ᵉ des Alpes mais refait son retard dans les Pyrénées, réussissant à accrocher un premier podium sur le Tour. Il remporte également, pour la troisième fois consécutive, le maillot de meilleur grimpeur.
En 1997, Miguel Indurain a pris sa retraite et Richard Virenque fait partie des grands favoris de la Grande Boucle, aux côtés de deux coureurs de la Telekom : le tenant du titre Bjarne Riis et son coéquipier Jan Ullrich.
S'il était très fort cette année-là, Richard Virenque n'a pas fait le poids contre Jan Ullrich. L'Allemand remporte cette édition 1997 avec plus de neuf minutes d'avance sur son dauphin, Richard Virenque. Le Français remporte tout de même une étape et le maillot à pois, son quatrième d'affilée.
Le 8 juillet 1998, trois jours avant le départ du Tour de France, Willy Voet, un soigneur de l'équipe Festina, est interpellé par la douane française au volant de sa voiture. Ce qui devait être un contrôle de routine se transforme finalement en cauchemar pour Willy Voet.
En effet, les douaniers trouvent dans le véhicule 400 flacons de produits dopants et stupéfiants, dont de l'EPO. Placé en garde à vue, le soigneur avoue rapidement qu'il s'agit d'une stratégie de dopage organisé. Bruno Roussel, le patron de Festina, le reconnaît également quelques jours plus tard.
Alors que tout semble l'accuser, Richard Virenque nie pourtant les faits. L'équipe Festina est finalement exclue du Tour et le Français continue de nier, publiant même un livre intitulé "Ma vérité" en 1999. Il est par la suite caricaturé par les Guignols de l'Info pour sa phrase devenue mythique "à l'insu de mon plein gré".
Suivi de près par tous les fans, qui doutent fortement de sa bonne foi, le coureur prend part au Tour d'Italie avec l'équipe Polti et remporte une étape. Il est aussi partant sur le Tour de France 1999 et décrochera un cinquième maillot à pois sur l'épreuve.
En 2000, lors du procès Festina, il avouera en larmes s'être dopé intentionnellement. Il est exclu un an et sa cote de popularité est au plus bas. Richard Virenque s'est tourné en ridicule et le public ne l'oublie pas.
Dès son retour en 2001 avec l'équipe Domo-Farm Frites il remporte la classique Paris-Tours après un raid solitaire épique. Non, Richard Virenque n'a pas changé et compte bien reconquérir les cœurs français.
En 2002, il s'aligne sur le Tour et remporte une nouvelle étape. Il récidivera en 2003 et 2004 avec, en prime, le maillot à pois, dépassant les records de Lucien Van Impe et Federico Bahamontes.
Si Richard Virenque garde des supporters sur les routes, qui font de lui un bouc-émissaire, les sifflets se font aussi entendre. Les parodies des Guignols et son obstination à nier sa culpabilité ne quitteront jamais l'esprit du public. Il devient le visage du dopage ces années-là.
Il prend finalement sa retraite en 2004, bien qu'il ait encore le niveau pour remporter des étapes sur les grands Tours à 35 ans.
Dès 2005, il rejoint le plateau d'Eurosport avec Jacky Durand ou Alexandre Pasteur et y officie jusqu'en 2018.
Encore aujourd'hui, la relation entre les fans de cyclisme et Richard Virenque est complexe. Encore admiré, le coureur n'en demeure pas moins moqué par beaucoup de fans. S'il est monté très haut dans le cœur des Français, la chute du coureur n'en a été que plus rude. Il reste éternellement le cycliste qui a nié son dopage.